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                       ORIGINES DE LUGDUNUM.                         389

et de l'île Sauvage, insula Barbara, retraite probable d'un col-
lège de druidesses (1). De ce côté, ses bornes consistaient en ac-
cidents de terrain naturels ou en limites factices : menhirs, dol-
mens, tumulus, dont le nom ainsi que la trace ne sont pas entiè-
rement abolis. Vingt-six bornes sacrées, ôpot, circonscrivaient de
même la terre sainte d'Apollon dans l'antique médiolan Del-
phien (2). A l'est et à l'ouest, les deux fleuves formaient une clô-
ture purement hydrographique.
   L'isolement pour cette partie se trouvait être aussi complet
que pour la première ; seulement, au-delà du canal des Terreaux
et dans la direction des collines parallèles aux cours d'eau, la po-
pulation du Condate occupait les deux longues bandes de terrain
resserrée's entre l'escarpement de ces collines et le rivage. En
dehors de ces deux groupes d'habitations, sur le reste de l'im-
mense superficie, régnait la forêt sacrée, forêt vierge du travail
des hommes et de la fréquentation du vulgaire (3). Là, au milieu
d'une éclaircie, l'assemblée des délégués de la confédération avait
son siège temporaire, et, non loin, sa demeure impénétrable, le
corps des druides attachés aux monuments religieux de cette am-
phictyonie.
  A partir de Fontaines commençait une autre région, sacrée
aussi, dont l'étendue correspondait assez exactement à celle de


   (1) Dans une région sacrée du département de la Dordogne, près d'un
coteau escarpé, nommé « le bois Sauvage », s'étend un massif de châtai-
gniers dit « des Vades » (M. de Montégut, Not. sur les enoeint. de pierres
de Uonthardi). Vades forme de fades, signifiant fées dans le patois du midi,
dénote un collège de ces druidesses que les fées, à la chute de l'idolâtrie,
remplacèrent aux yeux des populations superstitieuses. De même que l'Ile-
Barbe ou Sauvage, le bois Sauvage dérobait aux profanes le secret d'affreux
mystères.
  (2) M. Weser, Etud. sur le monum, biling. de Delphes, dans le Compte-
rendu de VAead. des inscript., ann. 1685, p. 57.
   (3) « Lucus      longo nunquam violatus ab œvo. » (Lucan. Phars.,
eh. III.) — « Castum nemus. » (Tacit., German., XLI.) — « Silvam an-
guriis patrum et prisca formidine sacram. » (Id., ibid., XLVII1.)