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L'ANGE DÉCHU. 441 Où sont les nombreuses cohortes De tes valeureux défenseurs ? Que n'ont-ils su garder tes portes Ou chasser les envahisseurs ? Tous ont-ils mordu la poussière Sous les coups de ce roi puissant ? Le lit de ta grande rivière Ne roule aujourd'hui que du sang. Hélas de cet immense nombre Je n'aperçois qu'un seul guerrier, Mais sous son front si triste et sombre Il montre encor un œil altier. « Rends-loi, guerrier, je te l'ordonne, Dit ce plus cruel des tyrans ; Oui, je te donne une couronne Si dès ce moment tu te rends. » Courber le front pour être libre, Remettre l'épée au vainqueur Ce mot fait frémir chaque fibre Qui vibre dans son noble cœur. Un vrai soldat sait-il se rendre ? Il aime bien mieux le trépas. « Tu veux mes armes, viens les prendre, Un Indien ne se rend pas. »