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404 ORIGINES DE LUGDUNCM. confédérés, les essaims de cette race celtique regardaient comme un fortuné présage d'entendre prononcer autour d'eux un nom qui leur rappelait, malgré des siècles de séparation, le souvenir d'une association fraternelle dans une patrie commune : Ombri, Ombroni, Ambarri, les associés, les frères ! (1). Amb dénommait quelques autres noms célèbres de la Gaule, comme Ambi-onx, devenu pour nous un appellatif propre, de même que Vertiscus et Vercingétorix, tandis qu'il signifie, en réalité : « de ligue-chef (2),» la ligue discutée au premier chapitre de ces origines; .4m&-act« avec quelqu'un, associé à » (3), etc. (1) « Quum in quo consederant, agrum Insubrium appellari audissent, ibi omen sequentes loei, condidere urbem. » (Tit.-Liv., 1. LV, c. 34.) — Une remarque devient ici nécessaire. Imsubri ! tel fut, suivant Tite-Live, le nom prononcé par les populations ombriennes de la Cisalpine, à l'arrivée de la horde de Bellovèse. Imsubri ou Insubri, comme écrit cet historien était non-seulement étranger aux Cisalpins d'avant l'année 600, il leur était même antipathique : cette prononciation venait des Etrusques et des Latins, leurs ennemis. Les peuples de l'Italie centrale adoptaient en effet la méta- tlièse à 'Imsubri, au lieu d'Isumbri, laopgpot « Ombres de la plaine ». Celle prononciation officielle a porté deux deux fois malheur à Tite-Live; ne sur les rives du Pô, le célèbre his'orien devait pourtant bien connaître la leçon véritable. Néanmoins, trouvant dans la sujétion éduenne une Iso- brygie et des Ombres ou Ambres (Ambares), il changea de son chef cette isobrygie en Insubrie «. Insubres, pagus iEduorum » ; erreur grave dont la géographie romaine se ressentit toujours. Quatre ou cinq siècles après, lés rééditeurs impériaux de la carte routière, dite de Peutinger, qui voyaient sur leur trace, à l'est-nord-est deLugdunum, des Bryges ou Isobryges, et ne savaient où chercher ces tribus jadis glorieuses, alors effacées, mirent à leur place des BITURIGES ! Cette expression géographique , si singuliè- rement placée , s'accole presque à Lugduno. Dans la direction opposée, le Rhône supérieur descend du Léman : Lacus Lozanele (V. Segm., 1 et 2). (2) Amb et rix ou ries, roi, prince, éminent par le rang ou le caractère, quelquefois titre honorifique : Canto?'iœ, Turonc, « chef du Condate », le delta du Cher et de la Loire, dont l'extrémité angulaire porte encore le nom de Bec-de-Cher; Catun'œ « éminent au combat », nom d'une peuplade alpine de la Proviueia, etc. (3) Amb, ensemble, avec, act, suff. gaul. : Carpentor-oc«-e, Epasn-ac«-e,