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LÉGKNDES l>E L \ VILLE D ' Â U S . 371 ments, en prenant pour base de mon opinion les découvertes qui font l'objet de ce travail. Les Allobroges avaient une ville ou bourgade en ce lieu. Par des causes restées ignorées, — sans doute les mêmes qui ont fait disparaître tant de cités placées dans les mêmes conditions, — cette ville cessa d'exister. Elle était bâtie sur pilotis et probablement à une petite distance du rivage; mais enfin elle disparut, soit que les motifs pour lesquels elle avait été habitée n'eussent plus de raison d'être,et que les habitants eussent abandonné leurs humides demeures, soit que, ainsi qu'on peut le supposer, elle eût été détruite par un peuple conquérant qui réduisit facilement en cendres de pauvres cabanes de bois, de torchis et de chaume. La bourgade toute entière dut, par conséquent, disparaître dans le lac qu'elle combla de ses débris, et je ne serais point étonné, si l'on pratiquait des fouilles, de retrouver les traces de cet incendie, ou même d'une simple destruction, dans le sous-sol actuel du Pré d'Ars et même dans le lac. Celui-ci ayant peu de profondeur dans cette portion de son assiette, les débris d'Ars la comblèrent facilement en tout ou en par- tie ; ce fut pendant longtemps un marais dont le sol factice finit par se relier a la terre ferme, et c'est ainsi que des at- terrissements successifs gagnèrent peu à peu jusqu'aux der- niers pilotis que l'on aperçoit encore sur les bords du lac et qui servirent ainsi de défense naturelle contre les envahisse- ments de ce redoutable voisin. Des années, des siècles peut-être, s'écoulèrent depuis lors ; le sol s'affermit de plus en plus, et quelques misérables pêcheurs vinrent peupler l'emplacement de l'antique cité. Les nouveaux habitants construisirent leurs demeures sur le bord même du lac, et, guidés sans doute par la tradition, et en souvenir de leurs pères, ils n'eurent pas de peine à adopter le nom d'Ars ou de / ers Ars pour un lieu qui le