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LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS. 275 cent, par les apports successifs qu'il y a faits. Chose étrange ! Sur les rives d'un très-grand nombre de lacs, on recueille cette tradition d'une ville engloutie au fond des eaux. Je citerai celle du lac de Grand-Lieu, près de Nantes, où on la retrouve identiquement la même que sur les bords du lac de Paladru, avec le nom d'Ars et ses cloches réson- nant les jours de fête ; celles des lacs de Saint-Hélène (1), Saint-Marcel (2) et Aiguebellette (3) en Savoie ; celle de la Mare-Saint-Coulmant, près de Saint-Malo (4) ; celles de Llyn-Savadann, en Angleterre, et de Bray, en Suisse (5). Pourrait-on oublier Sodome et Gomorrhe, dont la Bible a fait le prototype des cités maudites ? Ces villes ne sont plus, et, miroir du passé, Sur leurs débris éteints s'étend un lac glacé (6).... Que conclure de tout ceci, si ce n'est que la même tra- dition existant sur une infinité de lacs, le même motif doit en être l'origine. Tous ces lacs étaient donc habités, et ils n'ont cessé de l'être que parce ' que des causes semblables ont dû produire partout des effets semblables. C'est, on le voit, la destinée de ces grandes catastrophes de se perpétuer de siècle en siècle dans la mémoire des hommes, mais avec le cortège obligé de légendes dues a leur ignorance et à leur imagination troublée. Est-il besoin, après les traditions que j'ai évoquées plus haut, de citer encore, — et cet exemple sera pris dans notre voisinage, — celle de la ville de Saint-André, en Savoie, (1) Congrès scient, de France, Session de Chambéry, p. 494. (2) id. id. (3) Mém. et doc. publie's par la Soc. savoisienne, etc., t. vin, p. 104. (4) Guide Itin. des ch. de fer du Dauph. ; Rives et ses environs, p. 95. (5) Album du Dauph., Le lac de Palladru, p. 71. (6) Victor Hugo. Les Orientales : Le feu du Ciel.