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                    POÉSIE,


                  LA VIOLETTE

    Au matin d'un printemps éclose,
Sous les brins de gazon dans l'herbe ensevelis,
    Sans avoir l'orgueil de la rose
     Et les airs de grandeur du lis,
     Une petite violette,
     Timide et pleine de candeur,
     Se cachait doucement, seulette,
Heureuse d'embaumer les airs de son odeur.
Mais , hélas ! de son sort quelle fleur est contente ?
Voilà que tout-à-coup l'ambition la tente ;
Et dans un mouvement impossible à prévoir,
Lui donne le désir d'être vue et de voir.


Quoi ! dit-elle, toujours inaperçue , obscure ,
Sans connaître ce monde, hélas ! qu'on dit si beau,
Végéter dans la mousse ainsi qu'en un tombeau !
Ce n'est pas là pour moi ce que veut la nature ;
     Essayons d'un destin nouveau !


Elle dit, et soudain se penchant vers la terre ,
Elle y pose ses bras qu'elle raidit plus forts,
Ébranle sa racine, et grâce à mille efforts,
La voilà libre enfin du sillon qui l'enserre.
Elle regarde au loin ! mais par où commencer
     Le fortuné pèlerinage ?
Sur ce tertre d'abord si j'allais me placer !
     Je pourrais voir du paysage
     Sous mes regards se retracer?
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