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 388                     OEIGINES DE LUGDUNUM.
et sa disparition ne remonte pas à une époque très-éloignée (1).
   Le second prenait son cours dans le tracé de la rue Dubois,
laissant à l'île qu'il fermait de ce côté l'emplacement des églises
de Saiot-Pierre et de Saint-Nizier (2). Ce fut non loin des bords
de ce canal que, suivant une tradition de l'Eglise lyonnaise, saint
Pothin se cacha dans une crypte pratiquée sous de grands massifs
de verdure (3).
   La tradition et la science sont ainsi d'accord pour attester l'état
insulaire du champ sacré depuis le IIe siècle jusqu'au XIVe (4).
   Cet espace n'était lui-même, comme je l'ai déjà fait observer,
qu'une dépendance du német ou territoire sacré de la confédéra-
tion. La plus grande étendue de ce territoire, à partir du canal
des Terreaux, allait jusque vers Fontaines, au-delà de Caluire

   (1) Notice sur la découverte des restes de l'autel d'Auguste à Lyon, p. 14,
 15, 16.
    (2) Id., p. (4.
    (3) M. l'abbé Cabour, Notre-Dame de Fourvi'ere, p. 10. — M. l'abbé
 Bouc, Not. hist. et archêol. sur les cryptes de Lyon, dans les Actes du Con-
 grès de Lyon, t. II, p. 383.
     (4) L'aspect de l'île des Terreaux, à l'époque où saint Pothin s'y retira,
 mérite une attention sérieuse. Suivant la tradition , cette île, alors
 déserte et solitaire, s'ombrageait d'une végétation arborescente; s'abste-
 nant d'y rien changer, les Romains l'auraient laissée dans son état primitif.
 En face du Lugdumim pompeux de Rome et d'Auguste, une pareille soli-
 tude eût été bien extraordinaire. Ménestricr et Colonia, il est vrai, préten-
 daient que le delta entier, couvert d'une forêt d'espèces fluviatiles, avait
 pour seuls habitants, sous la domination impériale, quelques pauvres fa-
 milles de bateliers et de pêcheurs (M. Cahour, ibid., en not.). Mais l'im-
 mense quantité de ruines romaines, enfouies dans !c sous-sol de !a région
 insulaire, enlève à cette supposition jusqu'à l'ombre de la vraisemblance.
 Notre hypothèse nous semble plus logique : restes exhumés du Lugdunum
 gallo-romain et traditions de l'Eglise lyonnaise se concilient également avec
 elle. Dans ce système , l'île des Terreaux, vers 177, est un désert, parce
qu'elle est une île sacrée, et ce désert se mainlient jusqu'à cette époque,
parce que le culte celt.-augustal,auquel il est associé,se mainlient lui-même.
La tradition démontre donc la vérité de notre thèse, et celle-ci, à son tour,
la vérité de la tradition.