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ON NE CROIT PLUS A RIEN. 311 Sa figure s'éclaira ; et d'un geste charmant, mettant la main sur sa poitrine : — Oh! monsieur, murmura-t-il avec extase, c'est un poème ! — Bientôt rentra la mère Mouchereau, qui avait fait des pro- diges d'activité. Elle était propre, grâce au ciel, puisque c'était dimanche, et de plus , elle avait son grand air , celui qu'elle prenait pour se mettre au niveau des grandes cir- constances. Pendant que, sous ma direction, elle arrangeait le modeste couvert, mon convive examinait avec discrétion,, en tour- nant dans la chambre, les maigres ornements de mon logis. — Ah ! ah ! vous êtes numismate, fit-il en regardant un médailler large comme la main. — Peuh !.. comme tous les employés ; petit employé, petit numismate ; je collectionne quelques gros sous , pour mon plaisir. — Hé!., c'est quelque chose j'aurais aimé aussi, moi, soupira-t-il ;.... je n'ai jamais pu immobiliser ce petit capital. Brave homme ! je pensais bien qu'il était pauvre ; mais, comme il l'avouait ingénument ! — Eh !... vous avez pourtant, si peu que je m'y connaisse, quelques pièces assez rares — Tenez! la plus rare aujourd'hui, c'est ce pâté A table ! cher Monsieur. — C'est somptueux , dit-il, en contemplant avec une certaine complaisance les apprêts de la mère Mouchereau , qui montrait, non sans orgueil, quatre côtelettes de bonne mine, un pâté modeste mais sérieux , un fromage plein de