page suivante »
LA PEINTURE. 299 certaine liquidité. Cette liquidité obtenue par l'huile seule ferait couler les teintes et n'est pas admissible. Il y avait donc autre chose que de l'huile ? Et quelle est cette autre chose? Ce ne pouvait être qu'un vernis gras composé d'huile tenant en dissolution des résines ou des gommes, tel qu'est le vernis copal. Lecopal est une résine dure, jaune,* luisante, transparente, dont il y a deux espèces , l'une appelée copal oriental, qui vient des grandes Indes et de la nouvelle Espagne ; l'autre qui vient d'un arbre qui croît sur les montagnes des îles Antilles et à Cayenne. Ce ver- nis, dont les avantages et la solidité sont connus de tous les peintres en bâtiments, ce vernis employé par les pein- tres de voitures, par les peintres sur métaux, par tous les peintres barbouilleurs, est, pour ainsi dire, complètement inconnu des vrais artistes qui travaillent pour la postérité. Ce vernis qui réunit toutes les qualités, toutes les con- ditions de durée, de solidité ; ce vernis qui sèche en bloc (1) autant au fond qu'à la surface ; ce vernis qui conserve son brillant et atteint une dureté extrême, ce vernis est mis de côté par les préjugés de l'école et la paresse insoucieuse des artistes. Avec les couleurs ordinaires broyées à l'huile pure, même avec l'adjonction des vernis siccatifs de Harlem ou autres de même nature , si vous faites un glacis de cou- leurs végétales ou animales, comme les laques rouges ou jaunes, en peu de temps l'action de la lumière aura détruit leur nuance, leur éclat, leur valeur, les aura en un mot fait presque entièrement disparaître. Cependant, regar- (1) Les peintres devraient éviter de se servir de toutes matières qui ne sèchent pas enbloe, autant au fond qu'à lasurface. Cette observation . qui semble si naïve, est peut-être ce que je puis dire de plus fort et de plus utile à mes confrères.