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298 LA PEINTURE. Examinons leur constitution; remontons à toutes celles exécutées sur bois , depuis Van Eyck, dans les écoles flamandes, hollandaises, allemandes et italiennes. Toutes présentent une pâte dure, agathisée, brillante à la cassure ; résistante au grattage d'outils tranchants. Elle est d'un aspect beurré , gras , ne conservant aucune trace de la brosse ou du pinceau. Il y a dans les peintures des finesses, des déliés étour- dissants, qui nous semblent faits au bec de la plume, avec un liquide onctueux en même temps que coulant à volonté. Voyez les cheveux, comme des fils d'or sortant de la filière , voyez les broderies si compliquées , si fines, si régulières de ces riches vêtements, dans les tableaux de l'école de Bruges et autres. Remarquez ces lignes d'archi- tecture dans Peter Neefs, ces tiges de fleurs , ces pailles de blé, ces brindilles si légères , si hardies dans Van Huysum, H. Mignon et autres; ces touches si fines, si perlées, des peintres hollandais : est-ce avec des couleurs broyées simplement à l'huile que vous pourriez obtenir ces finesses , ces déliés prestigieux ? Non , son épaisseur ordinaire empêche au pinceau d'être fin et de fournir une matière égale et suffisant au trait qu'il veut tracer. Si vous rendez la couleur liquide à force d'huile, même de l'huile la plus visqueuse, indépendamment que le ton perd de son corps, le trait que vous croirez avoir tracé fin et délicat, s'élargira d'une manière effrayante, semblable à une tache d'huile qui s'étend sans fin du centre à la cir- conférence. Si l'on passe à la grande peinture sur toile de ces mêmes écoles, les œuvres de Rubens, Van Dyck, Titien, Tinto- retto, etc., nous montrent une liberté de brosse, une liberté d'exécution, dans les grandes teintes comme dans les détails, quine pouvait s'obtenir qu'avec de la couleur d'une