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          ON NE CROIT PLUS A RIEN
                                 SUITE ( 1 ) .




   Une minute se passa dans un profond silence ; l'émotion
me gagnait. Ce fut bien autre chose lorsque j'entendis bruire
sourdement un frou... frou... frou... frou,.. frou,.. auquel
je n'étais nullement préparé.
   On eût dit un battement d'ailes à peine perceptible d'a-
bord, qui se rapprochait peu à peu en grandissant, et qui
donnait enfin exactement l'idée d'un gros oiseau voltigeant
bruyamment dans la chambre. Inutile de dire qu'il était in-
visible ; mais le bruit cessant tout à coup, j'en conclus
qu'Aristote venait de se poser.
   — Approchez, dit le médium à voix basse.
   — Est-ce lui? demandai-je encore plus bas et fièrement
ému.
   — C'est lui... chul!!
   Je m'avançai avec précaution du côté de la table, crai-
gnant naïvement de heurter dans l'obscurité l'impalpable
Aristote.
   — Posez votre question, dit-il du même ton voilé.
   Ah! oui, posons la ques        c'est que j'étais sérieuse-
ment intimidé, moi... Parler comme cela, tout de suite, sans
préparation, au père de la rhétorique, on se troublerait à
moins. Enfin , prenant mon courage aux dents, j'attaquai
bravement :
   — Illustre philosophe...
   -— Bien ! murmura le médium.                             „

  ( 1) Voir les livraisons de juillet et août 1866.