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CHRONIQUE LOCALE. Fusils à aiguilles et chemises rouges ont fait pâlir, rassurez-vous, nous ne parlerons pas politique, ont fait pâlir tout autre intérêt. Malgré une étouffante chaleur, 0:1 s'excite, on se passionne, on pique des épingles, et l'on suit la marche des armées. Tous les yeux et tous les esprits sont tournes vers la Péninsule ou le Rhin. Comment parler de Lyon aux gens qui rêvent de Venise et des boulevards de la Croix-Rousse aux amoureux du Lido? Pendant que d'héroïques écrivains suivent pas à pas les volon- taires de Garibakli, couchent dans les lits les plus durs et mangent la po- lenta la plus scabreuse en attendant les délices du quai d^s Esclavons, les promenades sur les lagunes, et les concerts dans la nuit étoiléc, la Revue, que sa grandeur relient au rivage, ne peut signaler que les démolitions de la rue Lafont, les concerts en faveur des vagabonds, l'ouverture du nou- veau théâtre des Variétés, le départ de Mlle Déjazet, l'arrivée de M. Bras- seur, et demain Got avec ta Contagion. Comment se passionner pour ces événements, quand chaque télégramme d'Italie ou de Bohême annonce une bataille et que la carte d'Europe craque de toutes parts ? comment faire entendre notre minée filet de voix quand le canon fait sa partie dans le plus formidable des concerts ? Prenons-en notre parti et parons nous de modestie. Laissons à la plume de M. Sixte Dslorme le soin de dire la stupéfaction qui règne au-delà des Alpes, à la vue du drapeau qui flotte sur Saint-Mare et sans prétention à la gloire, résignons-nous à parler dans le désert. — Nous avions dit, dans notre dernière livraison, que MM. Valentin- Smith et Guigue avaient trouvé l'emplacement où les Helvètes avaient été taillés en pièces par César; on me fait observer que M. Martin-Daussigny a, lui aussi, pris part à ces études et à ces découvertes, qu'il a eu des conférences avec MM. les officiers et les ingénieurs et qu'il les a mis sur la voie. Nous rappelons ce l'ait. — Un nouvel écrivain lyonnais vient de publier un joli volume que nos compatriotes voudront posséder quoiqu'il no soit pas imprimé à Paris. Les Confidences à l'oreille d'une jeune fille, par Antoine Thivel, est un charmant coup d'essai qui promet gros pour l'avenir. Par contre, la Phy- siologie de l'Abeille, par M. le D r Monin, révèle un écrivain consommé, nourri des ailleurs anciens et donl le style et les pensées rappellent les meilleurs ouvrages du siècle dernier. Ces deux volumes se trouvent à la librairie Mcra. Nous en rendrons compte dans nos prochains numéros. On doit à M. l'abbé Ducis une nouvelle brochure intitulée : Les Allo- broges à propos d'Àlhia. Avec l'autorité de la science, elle conclut à laisser Alise au Mont Auxois. •— Depuis le 3 courant, Annecy touche à Lyon. Le chemin de fer qui les unit à travers les plus magnifiques vallées a été inauguré par S. Ex. M. le Ministre de l'agriculture et béni par MBr d'Annecy. Voilà les plus belles montagnes de l'Europe sous notre main; nos touristes vont en prendre à cœur joie et ils ne tarderont pas à s'assurer si c'est en France ou en Suisse que se trouve le Mont-Blanc. — On a découvert, ces jours passés, à Bcllevillc, un vieux tableau de Murillo provenant jadis du château des sires de Bcaujeu. Celte précieuse épave de nos guerres et de nos révolutions s'était réfugiée dans une ferme où le temps l'avait raisonnablement respectée. Tout vient à point à qui sait attendre, et voiei luire enfin pour elle le jour de la réparation. — Par contre, la vieille chapelle du château de Meximieux vient d'être détruite par son nouveau propriétaire et l'Abeille du Bugey contient ces tristes lignes : « Un acte de vandalisme ou de folie a été commis ces jours derniers dans l'église de Nantua. Des matières corrosives ont été lancées par une main criminelle sur le Suint Sébastien d'Eugène Delacroix. La population toute entière est indignée.» Nous nous associons pleinement aux sentiments de l'Abeille duBugey. A.J-. _ _ _ AIMÉ VINGTRINIER, directeur^gérant.