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POESIE. L'OURS Pattu, bourru, brutal, maussade, Mauvais coucheur, mal embouché, Oh ! le triste camarade, Que cet ours si mal léché ! Dans une tanière profonde, Abhorré de tout le canton, En reclus il vit loin du monde, Toujours inquiet sans raison. L'univers, dit-il, veut sa perte : Il est jouet des curieux.... Et, grondant à la moindre alerte, De son antre il sort furieux... Pourtant sous la verte feuillée On voit parfois, dans les beaux jours, Air guilleret, mine éveillée, Passer un jeune couple d'ours... Monsieur se dandine avec grâce Sur des pieds plus larges que longs ; Madame, minaudant, efface Les reines de tous nos salons. Un être sauvage et difforme En naissant vient combler leurs vœux; 7