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         INAUGURATION DU BUSTE D'ÀMÉDÉE BONNET.

    Le 1 e r juillet, la petite ville d'Ambérieu, si gracieusement assise au
milieu des vignobles du Bas-Bugey, avait pavoisé ses fenêtres, enguirlandé
ses rues, brodé dos chiffres, dressé des trophées, mis ses pompiers sous
les armes et organisé une solennité qui, à l'empressement et à la joie de
chacun, paraissait être une touchante fête de famille. C'était, en effet, un
hommage rendu à un enfant du pays, à un bienfaiteur de ia contrée, à un
médecin célèbre, homme de bien, au regrettable Amédée Bonnet, dont
Lyon possède la statue en bronze et à qui Ambéricu, son berceau, érigeait
un buste en marbre, produit de sympathiques souscriptions.
    L'inauguration de ce buste, dû au ciseau habile d'un homonyme,
M. Guillaume Bonnet, avait attiré les autorités du département, M. le préfet
de l'Ain M. le «ous-préfet de Belley; l'élite des médecins de Lyon, des amis
empressés et une population nombreuse qui se rappelait la bonté et la
charité autant que la vaste science de l'ancien major lyonnais.
    A un signal de M. le préfet de le voile qui couvrait le marbre fut
enlevé et le public reconnut les traits bienveillants et doux, le vaste
front, le sourire mélancolique du philosophe et du penseur. La foule se
pressait sous le vestibule de la mairie, où elle contemplait l'image de celui
pour qui la postérité commençait; puis elle remplit la vaste salle de la
mairie, où, silencieuse et recueillie, elle écouta la parole des orateurs,
     M. le préfet de l'Ain dit que l'orgueil, qui est un vice chez l'individu,
devient une vertu dans une nation et qu'il s'appelle alors patriotisme;
il félicita la charmante petite cité d'avoir donné le jour à un homme qui
avait si complètement honoré l'humanité et surtout d'avoir su l'apprécier;
il fit voira la veuve une consolation, aux enfants un encouragement et un
exemple à suivre dans ces honneurs rendus avec tant d'élan par une noble
et fière population.
    M. le docteur Travail, maire d'Ambérieu, et le plus zélé organisateur
de la cérémonie, fit l'histoire détaillée de son illustre compatriote; deux
docteurs lyonnais amis du défunt, MM. Diday et Tcissier, racontèrent com-
ment Bonnet fit progresser la médecine et la chirurgie. Aux applaudissements
de l'assistanceM. le docteur Bonnet, de Jujurieux, vintjoindre les remercî-
ments de safamillepourccscloges accordés à son parent par le chef aimé du
département et par les voix les plus autorisées de la science.
    Il faudrait peu connaître ce plantureux et hospitalier Bas-Bugey pour
ne pas deviner comment se finit la journée. Le reste de la soirée fut employé
à fêter à (a Brillât-Savarin le rival des Bichat, desRécamier, des Richerand.
Les toasts et les discours prouvèrent que les Bugistes ont l'éloquence
comme la mémoire du cœur.                                  A. V,