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PHILOSOPHIE. 279 de l'effort. Cet effort, pensait-il avec raison, est le fait primitif du sens intime , le soleil qui éclaire nos ténèbres. De même qu'on ne voit pas sans regarder, qu'on n'entend pas sans écouter, l'acte volontaire de l'effort parviendra à nous constituer un état de félicité digne du sage : « Il faut voir ce qu'il y a en nous de libre ou de volontaire, et s'y attacher uniquement : les biens, la vie, l'estime ou l'opinion des hommes ne sont en notre pou- voir que jusqu'à un certain point ; ce n'est pas de là qu'il faut attendre le bonheur ; mais les bonnes actions, la paix de la conscience , la recherche du vrai, du bon , dépendent de nous, et c'est par là seulement que nous pouvons être heureux au- tant que les hommes peuvent l'être. » Marc-Aurèle n'eût pas dit autrement ; c'est du stoïcisme . Mais hélas ! nouvelle décep- tion : il vint un jour où la maladie du corps, la tristesse de l'âme désabusèrent l'orgueil du nouveau stoïcien. Il reconnut que l'enthousiasme seul avait pu s'écrier sans mentir, au milieu des tourments : Non, douleur, tu n'es pas un mal ! Or l'enthou- siasme étant le contraire de la raison froide, comment la raison ou la volonté, faculté qui est compos sui, pourrait-elle produire le même effet que cette exaltation, espèce de délire, qui nous rend insensible à nos douleurs ? Maine de Biran était descendu dans « les souterrains de son âme » aussi profondément, que jamais mineur à la poursuite des métaux précieux dans celui de la terre ; guidé par la lampe de son désir ardent et sincère , il avait obtenu les faveurs, non du génie qui, selon la tra- dition, est préposé à la garde des trésors souterrains, mais de l'Esprit qui vient d'en haut « éclairer tout homme de bonne volonté. » Il reconnut qu'il n'y a dans l'âme de l'homme qu'im- perfection et misère, que toute créature gémit, comme le dit l'apôtre saint Paul. Dès lors il convient et pleure avec Job des souffrances de son corps, et il déclare que la plus grande de- toutes les crois est cette mauvaise disposition morale de l'humeur et des facultés qui constitue le découragement intérieur. Que faire là contre? Chercher un appui à l'âme, à la raison, des motifs à la volonté, en dehors et au-dessus de ce moi tourmenté et instable. D'où viendront-ils? Où apparaissent les premières