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246                 LETTRES DE F. ÔZANAM.

quité et des peuples sauvages (lesquels sont aussi, à notre
égard, antiques, primitifs) ; il s'agit de réunir dans un vaste
tableau toutes les croyances et leurs phases ; j'appelle ce
premier travail Hiérographie.
   Nous avons acquis la connaissance des faits, il faut en
déterminer les rapports. Il faut reconnaître la généalogie, la
parenté de ces religions diverses, comment les croyances-
mères se sont divisées en sectes, en branches multipliées ;
cette Å“uvre, je la nomme Symbolique.
   Enfin, il reste à rechercher les causes de celte innombrable
variété ; il faut exprimer chaque mythe pour en découvrir
l'esprit et le sens, trouver sous le voile de l'allégorie le fait
ou le mystère qui s'y cache, et, mettant de côté tous les
éléments secondaires, variables, relatifs aux temps, aux lieux,
aux circonstances, recueillir, comme l'or au fond du creuset,
l'élément primitif, universel, le Christianisme : ceci est
l'Herméneutique.
    Et ces trois sciences, l'une de faits, la seconde de rapports,
la troisième de causes, se confondent en une seule, que je
nomme Mythologie. Élaborée ainsi dans un ordre analytique
et rationnel, cette science, arrivée à son terme, peut se
présenter sous la forme de synthèse ou d'histoire.
   Alors s'offriraient aux regards, sur le premier plan, la créa-
tion de l'homme et la révélation primitive ;—puis le péché et la
corruption de la croyance ; — enfin les développements et les
subdivisions de chacune de ces sources altérées, et la permanen-
ce de la tradition dans la loi mosaïque jusqu'au jour du Christ.
   Et là, si la mort ou la vieillesse ne nous ont point encore
arrêtés, là s'élèvent la grande figure du Christianisme dans
toute sa splendeur, le Christ, la philosophie de sa doctrine
présentée comme la loi définitive de l'humanité, puis sa
glorieuse application durant dix-huit siècles, et enfin la
détermination de l'avenir.