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DES MOlSiKS DE CLUNY. 201 spirituels et temporels à surveiller en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne, à Constantinople et jusqu'en Palestine. Les soins d'une administration si vaste, si compliquée, absorbaient tous ses instants. Comment trouver le temps délire, de méditer, et surtout d'écrire, quand aux affaires monastiques se joignaient les affaires politiques, quand il fallait étouffer le schisme d'Anaclet, et faire triompher la cause d'Innocent II ; intercéder auprès du Pape en faveur de Louis VII, après le massacre de Vitry; réconcilier Pise avec Lucques, le roi d'Espagne avec le Pape, le comte Amédée de Savoie avec le roi de France, Roger de Sicile avec l'empereur d'Allemagne ; soutenir enfin les intérêts de la chrétienté, c'est-à -dire ceux de la civilisation, partout où ils pouvaient être menacés. Epuisé, accablé par un pareil labeur, le vénérable abbé n'avait-il pas raison de s'écrier : « Circumeo, satago, solliciter, angor hùc illùcque distraclus ! » Aussi qui pourrait dire les douleurs, les défaillances qui parfois venaient briser le cœur du pieux abbé, quand partagé entre les pénibles devoirs de sa charge, et son amour pour l'étude, il sacrifiait noblement ses goûts à ses devoirs, sa personne à sa communauté. « Plût au ciel, écrit-il au moine Grégoire , plût « au ciel que je pusse trouver , au milieu de mes affaires ., le_ « repos, le calme nécessaire pour méditer , traiter souvent de « pareilles matières avec vous, et vous communiquer par la « parole ou par écrit le fruit de mes méditations et de mes « études ( 1 ) ! » Il est certain , cependant, que malgré ses nombreuses occupations, Pierre-le-Vénérable trouvait du temps pour étudier, lire et écrire. L'histoire rapporte qu'à certains jours, quand ses forces épuisées ne lui permettaient plus de supporter le lourd fardeau des affaires, il disparaissait, s'en- fonçait dans une solitude profonde, au fond d'un bois, et allait, comme saint Bernard, méditer au milieu des chênes et des hêtres. Que devenait-il, à quoi occupait-il ses loisirs? Ses biographes gardent le silence sur ce point. Il serait piquant, cependant, de suivre ce grand personnage dans la solitude, et de surprendre (1) Liv. III. lettre T.