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454                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.

tion des évêques, le choix était nul, et que l'Église ne procédait
à l'ordination qu'après cette confirmation indispensable (1).
   Les curés étaient nommés par les mêmes corps électoraux
que les évêques, mesure contraire à toutes les règles des pays
catholiques où les évêques ont le droit de choisir leurs subdélé-
gués ; grave atteinte , d'ailleurs, à la hiérarchie et à la discipline.
Comme pour mettre le comble à l'anarchie, les curés pouvaient
choisir leurs vicaires sans l'approbation de leur évêque.
   Enfin, les évêques constitutionnels étaient condamnés au par-
tage de la juridiction avec leurs grands vicaires. La discipline,
de l'Eglise, sa hiérarchie, son indépendance, sa juridiction qui
font partie essentielle de ses dogmes et de sa morale, se trou-
vaient donc entièrement détruites.
   Le clergé nouveau devait prêter serment à la Constitution et
était salarié par l'État. Les prêtres étaient assimilés en tout et
pour tout aux fonctionnaires civils.
   « On veut absolument nous séparer de l'Eglise, avait dit M. Goulard,
curé de Roanne, dans un discours très-remarquable, on veut donc entraî-
ner l'Eglise gallicane dans le schisme ? Je reconnais dans l'Église un
chef, comme il y en a dans toute espèce de gouvernement. Après avoir
détruit l'autorité du Pape, on anéantit celle des évêques. L'évêquc ne
pourra refuser d'instituer un curé qu'avec le consentement de son con-
seil ; si, avec ce consentement il le refuse, le Synode sera assemblé! Le
métropolitain ne pourra refuser, sans assembler le Synode, ainsi le
Synode, composé de prêtres, jugera le jugement de l'évêquc. C'est le
presbytérianisme qu'on veut établir. Est-il un chrétien qui ne frémisse
de voir l'Eglise gallicane détachée de son chef, pour en faire une Eglise
schismatique, qui bientôt deviendrait hérétique. »

   Sinistre prédiction qui devait bientôt se réaliser. Les Jansé-
nistes s'étaient enfin vengés de toutes les bulles qui avaient
frappé Jansénius et Quesnel. Ils avaient rompu ouvertement
avec Rome, l'Eglise de France n'était plus catholique, elle était
civile, constitutionnelle, presbytérienne; elle cessait d'être une
institution divine pour devenir un rouage subalterne de l'État.
   On n'ignore pas les maux innombrables que la Constitution
civile du clergé a traînés à sa suite. On sait de quelles plaies
profondes elle a frappé l'Eglise rie France; ces plaies ne sont
point encore cicatrisées.

  (1) L'abbé Jagei'. Hisl. de l'Ht/lim- île l'ianvc pendant la Révolution.