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152 LE PÈRE DE LA Ctl.Vl/.E. Ces détails ont une importance capitale, surtout si l'on vient à comparer le mode de procéder de l'Eglise schismatique de Hollande avec la Constitution civile du clergé de France, œuvre non moins schismatique des Jansénistes. Nous ne savons si l'on a jamais fait iin tel rapprochement, mais il est à coup sûr des plus curieux et des plus importants pour notre histoire religieuse. Au reste, depuis l'évêquc d'Yprcs jusqu'à i'aVocat janséniste Camus, principal rédacteur de la Constitution civile de 1790 : depuis Saint-Cyran jusqu'au régicide Grégoire, suivez cette chaîne non interrompue de protestations et de révoltes contre Rome. Toujours ce même esprit d'insubordination et d'indépendance ; toujours cette tendance à briser les liens de la discipline, à s'affranchir de la hiérarchie romaine. C'est là le caractère essen- tiel et indestructible de la secte, depuis le commencement jus- qu'à la fin. Lorsque la Révolution française apparaît sur la scène, ce qui frappe d'abord, c'est son caractère anti-chrétien, on peut même dire anti-religieux. « II faut décatholiser la France, » avait dit Mirabeau, résumant d'un mot l'esprit révolutionnaire. Mais si violente que soit une révolution, elle ne procède que par grada- tions. Comment supprimer d'un coup le catholicisme en France ? Cette réforme ne pouvait être l'œuvre d'un simple décret. La spoliation des biens du clergé, l'abolition des vœux religieux avaient mutilé l'Eglise, mais ces deux mesures ne l'avaient pas frappée au cœur. Pour atteindre ce but, il fallait la séculariser ; il fallait arriver à l'unité absolue, l'idéal de Rousseau, c'est-à -dire, à l'absorption de la religion par l'Etat. En conséquence, on forma un Comité ecclésiastique, uniquement composé de Jansénistes et d'avocats voltairiens : excellent choix, admirable politique, pour régler le sort de vingt-cinq millions de catholiques ! En deux jours fut préparée, commentée, discutée et rédigée cette fameuse Constitution civile. L'avocat janséniste Camus en fut l'âme et l'ins- trument, comme il avait été l'âme du serment du Jeu de paume. La Constitution bouleversait la circonscription des anciens diocèses et en créait de nouveaux ; empiétement manifeste sur In juridiction sacerdotale qui, même au temps des empereurs