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Io()                  LE l'ÈKE   VIE LA   CHAIZE.

sont indestructibles, et Louis XVI devait bientôt en faire la triste
expérience.
   Quelques historiens modernes ont prétendu, et on les a trop crus
sur parole, que les Parlements et les Jansénistes ont été en France
les initiateurs et les précurseurs de l'esprit de liberté. C'est là
un de ces sophismes qu'une critique scrupuleuse ne saurait
admettre. Jusqu'à preuve contraire, nous sommes fondé à dire
que, bien loin d'avoir été libérales, les tendances politiques des
Jansénistes et des Parlements furent aussi étroites qu'égoïstes,
aussi intempestives que stériles. Qu'eussent fait de leur vic-
toire les Parlements et les Jansénistes de la Fronde ? Qu'aurait
eu la France à la place du grand règne? un gouvernement
 composé de grands seigneurs incapables et de légistes brouillons,
la féodalité sous une forme nouvelle. Quelles réformes voulait le
due de Saint-Simon, ce grand seigneur janséniste ? le partage
 de l'autorité royale avec les ducs et pairs, à l'exclusion du reste
 de la noblesse et de « la vile bourgeoisie (.1). » Quelles amélio-
rations demandait le Parlement janséniste du XVIII e siècle ?
Aucune. Il voulait cumuler le droit de faire des lois et celui
de les appliquer, ce qui eût été la destruction même de la jus-
tice. Loin de vouloir des réformes, l'histoire nous apprend qu'il
 s'opposa de tous ses efforts à celles de Louis XVI. D'abord « il
refuse d'enregistrer six édits dressés par ïurgot qui supprimaient
les corvées pour les grandes routes, les jurandes ou maîtrises,
 et proclamaient la liberté du commerce et de l'industrie. » Le
 roi fut contraint de briser cette aveugle résistance dans un lit
 de'justice. Composé de privilégiés, le Parlement rejette le prin-
 cipe de l'égalité de l'impôt que voulait établir Louis XVI. Ce
 refus mit le comble à sa popularité, tant l'esprit de révolte
 domine en France l'amour du vrai progrès (2). Enfin qui ne
 connaît sa jalouse opposition à la convocation des États-Généraux,
 puissance rivale et légitime qui devait finir par l'absorber. La


   (1) Expression de Saint-Simon. Il caractérise le siècle de Louis XIV :
< Lu règne de la iiile bourgeoisie. »
 (
   (2) Voir Lu Franee avant la dévolution par M. Ramlot, in-8.