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                       LK PÈRE DE LA CHA1ZE.                              131
secte depuis longues années. Voltaire et le protestant Schœll
ne laissent aucun doute sur ce point.
   « Parmi leurs papiers, dit Schœll, on trouva la preuve que celte secte
travaillait à changer la constitution civile et religieuse de la France (1). »
  Voltaire, de son côté, s'exprime ainsi :
  « On saisit lous les papiers (2) et on y trouva tout ce qui caractérise
un parti formé. »
  Puis il ajoute :
   On trouva encore dans les manuscrits du P. Quesnel un projet plus cou-
pable s'il n'avait été insensé. Louis XIV avait envoyé en Hollande, en 1684,
le comte d'Avaux avec pleins pouvoirs d'admettre à une trêve de vingt
années les puissances qui voudraient y entrer ; les Jansénistes, sous le
nom de Disciples de saint Augustin, avaient imaginé de se faire compren-
dre dans cette trêve comme s'ils avaient été en effet un parti formidable,
tel que celui des Calvinistes le fut si longtemps. »

   Ce fut à partir de ce moment que Louis XIV résolut d'en finir
avec une hérésie aussi dangereuse pour l'Eglise que pour l'État.
   L'archevêque de Malines avait envoyé au roi de France les pa-
piers de Quesnel enfermés dans une cassette. 11 s'y trouvait un
grand nombre de pièces écrites en chiffres et des lettres com-
promettantes pour plusieurs personnes. Le roi remit la cassette
à son confesseur pour qu'il étudiât cette affaire et lui en fît un
rapport. Sur les conclusions du P. de la Chaize, deux bénédic-
tins, D. Thiroux et D. Viaixnes furent renfermés, l'un à la Bastille
l'autre à Vincennes, convaincus d'avoir été les agents les plus
actifs du patriarche janséniste. D. Viaixnes était l'auteur d'un
pamphlet des plus mordants contre l'archevêque de Paris , M. de
Noailles. Le faible prélat dont la vertu égalait l'inconsistance,
après avoir approuvé, à Châlons, les Réflexions morales de Quesnel
avait condamné , à Paris , un autre ouvrage janséniste intitulé
l'Exposition de la Foi. Dans son pamphlet intitulé le Problème
ecclésiastique, l'auteur demandait malicieusement lequel des deux
il fallait croire, ou M. de Noailles, évèque de Châlons, ou M. de
Noailles , archevêque de Paris ?
   Le portefeuille du P. Quesnel contenait une correspondance

   (1) Schœll. Hist des Etats européens, t. XXIX, p. 94.
   (2) Siècle de Louis XIV, chap. XXXAII.