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LE PÈRE DE LA CHAIZU. 117 ctesssm de réformer l'Eglise et de faire une nouvelle religion ; la seconde , que cette religion réformée sur les idées de cet abbé n'était point éloignée de celle de Calvin, et qu'elle convenait avec elle dans les principes (1). » Lorsque Antoine Arnauld , fidèle à la doctrine de son maître Saint-Cyran , eut écrit son livre contre la fréquente communion, le même ministre essaya de démontrer que l'auteur et plusieurs de ses amis « ne croyaient ni à la présence réelle , ni à la tran- substantiation (2). Au reste, il est hors de doute que les Jansénistes, en restrei- gnant outre mesure l'usage des sacrements , n'arrivaient à rien moins qu'à les abolir. Le livre De la fréquente communion d'Ar- nauld et le Petrus Aurelius de Saint-Cyran exercèrent sur ce point une si déplorable influence, qu'il arrivait souvent aux Soli- taires les plus rigides de se tenir à l'écart de la sainte table, même le jour de Pâques. Pour compléter leur œuvre de propagande, les Jansénistes s'ap- pliquèrent à écrire des traités de pédagogie. Jusqu'alors la plupart des ouvrages de ce genre avaient été écrits en latin : les Solitai- res imaginèrent de les écrire tous en français. Cette innovation , qui semblait rendre plus facile dès le début l'étude des langues anciennes, fut accueillie avec faveur par tous ceux qui subis- saient l'empire de la mode. En réalité, celte méthode renfermait un vice essentiel que l'expérience et le temps ont rendu sensible. N'est-il pas manifeste , en effet, que le meilleur moyen de com- prendre et d'approfondir une langue étrangère , de se rendre compte de sa syntaxe, de son esprit, de ses idiotismes, c'est de la parler?'Jamais on n'arrivera au même résultat si on ne l'étudié qu'à l'aide d'une autre langue. M. de Maislre a soulevé cette critique contre la méthode de Port-Royal; elle nous semble d'au- tant mieux fondée que l'exemple de ce qui se passe en Angleterre et surtout en Allemagne lui donne de plus en plus raison. Dans ces deux pays où l'on a conservé l'ancienne méthode , la con- naissance du latin et du grec est aussi approfondie que pos- sible, et nous sommée forcés pur l'évidence d'avouer sur ce point notre infériorité. (!) Esprit d'Arnauld, par Jurieu, I. i, p. 255. (5) Esprit de M. Arnauld, t. u, pp. 165-167.