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                      CORRESPONDANCE
          A PROPOS DU SCEAU TROUVÉ PRÈS DE CHARLIEU.


        A Monsieur le Directeur de la Revue du Lyonnais.
          MONSIEUR,
    Puisque l'on n'a donné aucune explication du sceau trouvé à Pouilly-
sur-Charlieu, permettez-moi d'exposer quelques observations en réponse à
l'invitation de votre honorable collaborateur (1).
    Il a existé un comté connu au moyen-âge sous le nom latin de Lavania,
 et dont les armes se rapportent à celles qui se trouvent sur le sceau en
question. C'est Lavagna, en Italie, près de Gênes, petite ville qui a appar-
tenu depuis le XI 0 siècle sans interruption aux Fiesque. On connaît les ar-
mes de cette famille qui sont bandé d'argent et d'azur, ou mieux d'argent
à trois bandes d'azur ; l'écusson du sceau de Cbarlieu porte, en effet, trois
bandes, e t , à ce propos , je ferais observer que les stries dont elles sont
chargées n'ont aucune valeur héraldique, on se servait souvent de ce pro-
cédé pour mieux faire ressortir, sur le champ de l'écu, certaines pièces de
forme purement géométrique ; on employa, à partir du XV e siècle, des or-
nements plus élégants, dont les graveurs allemands se servent encore , et
que les héraldistes nomment diapré.
    Mais il s'agit d'expliquer la présence dans notre sol d'un sceau italien.
Ce petit monument ne paraît pas antérieur au XIII e siècle ; or, à cette épo-
que , on a des preuves du séjour des Fiesque dans notre province. Inno-
cent IV, que les événements politiques forcèrent de demeurer plusieurs
 années à Lyon, était de cette maison, et il fut accompagué et visité souvent
par divers membres de sa famille ; en 125), l'empereur Guillaume, soutenu
comme on sait par ce pape, donnait à Lyon u:ic charte en faveur d'un
comte de Lavagna ; il n'y aurait même pas besoin d'avoir recours à ces
preuves s'il était certain, comme l'avancent certains auteurs, qu'un Jacques
de Lavagna, neveu d'Innocent IV, fût maréchal de France sous saint Louis.
Ce personnage, dont le prénom est justement celui qui se lit sur le sceau,
n'était pas l'aîné des Fiesque, mais il est à remarquer que tous les membres
de celte famille portèrent simultanément le titre de comtes de Lavagna,
comme le prouvent des titres nombreux. Il y a eu aussi au XIII e et au
XIV e siècle plusieurs Fiesque du nom de Jacques.
    Il faut cependant en venir à une objection qui renverse tout ce bel
échafaudage. C'est que la légende du sceau ne porte pas le nom de Fiesque,
et qu'il y a même assez loin de Nigrasi, le noir ou le gris, à Flisco. Je pour-
rais néanmoins soutenir mon système, montrer par exemple que des bran-
ches des Fiesque ont quitté leur nom primitif pour prendre d'autres déno-
minations (tels que les Obizzi, qui étaient issus de celte famille et en avaient
seulement gardé les armes), et dire qu'il n'est pas moins vraisemblable que
les divers membres de celte maison se distinguaient par des sobriquets ;
mais soutenir des hypothèses par des probabilités me semble un mode de
raisonnement assez peu solide, et je préfère abandonner à quelque érudit
le soin de décider s'il est vrai qu'un Jacques de Fiesque ait porté le surnom
de Nigrasi, ou s'il existe quelque part un autre comté de Lavanie.
          Recevez l'assurance de ma considération distinguée,
                                                             A. STEYERT.


  (1) Voir la Uevuc du Li/oimaii, juin 1858, page 323.