page suivante »
LE JEUDI-SAINT A ROME. 53 aux cardinaux et à la prelalure. La messe continue jusqu'au Deo grattas ; alors deux cardinaux-diacres montent au trône ponti- fical ; le pape en descend avec eux pour venir devant l'autel rece- voir le calice contenant les saintes espèces, vase merveilleuse- ment ciselé, dont les bas-reliefs représentent le Christ entouré de ses douze apôtres ; et la procession se met en marche. Elle traverse la salle royale éclairée en ce jour par douze candélabres, et dont les grandes peintures murales sont connues de tous ceux qui ont fait le voyage de Rome. Dès que la croix papale, enve- loppée d'un voile violet est sortie, les chantres entonnent l'hymne de saint Thomas d'Aquin, le Pange lingua, qu'ils mesurent de manière à commencer le Verbum caro au moment où le Saint- Sacrement passe le seuil de la chapelle Pauline. Le souverain pontife porte la sainte hostie à pied et tète nue. Le dais est sou- tenu par huit évoques assistants au trône ou huit protonotaircs. Les cardinaux tiennent leur mitre et leur calotte à la main. L'autel de la chapelle Pauline est splendidement illuminé, mais rien ne rappelle ces décorations dont on a coutume d'orner les autels où s'expose le Saint-Sacrement, le Jeudi-Saint, dans la plupart de nos églises de France. Saint-Louis-des-Français seul conserve nos usages et prend un air de fête avec ses fleurs, ses draperies; dans la chapelle Pauline comme sur tous les autels des églises de Rome, des masses de lumière seulement entourent les saintes espèces. Tout y respire le deuil. Parvenu aux marches de l'autel, le pape remet le calice au cardinal-diacre ; celui-ci au prélat sacriste, qui va le déposer dans l'urne sépulcrale (1 ) , qu'on ferme à clé ; cette clé est remise au grand pénitencier qui doit célébrer le lendemain. Ensuite le Saint-Père monte sur la sedia geslatoria pour être porté dans la loge vaticane et donner de là , comme il fera de nouveau le jour de Pâques, la triple bénédiction apostolique, Cependant, la foule s'est portée dans la travée de Saint-Pierre, qui s'allonge du côté du Vatican, et qu'on nomme des saints (1) « L'urne sépulchrale. » Celte désignation se trouve telle dans le livre liturgique de la Semaine-Sainte à Rome.