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                    ET DU PRINCIPE VITAL.                   3i)

l'âme; unie au corps, elle l'anime; séparée, c'est une fonc-
tion qu'elle cesse de remplir sans cesser d'exister ni de se
manifester d'une autre manière. Le musicien, comme dit
Socrate dans le Phèdon, cesse-t-il donc d'exister, quand
est brisée la lyre d'où il tirait des sons harmonieux ? Ainsi
l'âme, le corps n'étant plus , cesse sans doute de jouer
le rôle de principe d'organisation et de vie, mais néanmoins
peut survivre avec son essence et avec des attributs d'un
ordre supérieur, tels que la conscience, la raison, la liberté.
   Cette faculté de composer et d'entretenir le corps ne de-
meurerait même jamais oisive, si, suivant la conjecture de
Leibniz et d'un certain nombre de métaphysiciens et de
théologiens, l'âme, après cette vie, devait demeurer associe'e
à des organes plus ou moins subtils, et ne jamais exister a
l'état d'esprit pur.
   Ainsi, soit que nous raisonnions d'après l'essence de
l'âme, soit que nous considérions les conditions de l'unité
et de l'individualité de l'homme, soit que nous interrogions
la conscience, soit enfin que nous regardions aux consé-
quences morales et religieuses, tout nous pousse à rejeter
le double dynamisme et à protester contre cette bifurcation de
la nature humaine. Dans quelque réserve qu'on affecte de
se tenir a l'égard de la nature du principe vital, ou ce n'est
qu'une vaine abstraction, ou c'est une seconde âme, quoique
d'un ordre subalterne. Or, vainement avons-nous cherché
une place dans l'homme pour cette seconde âme, qui fait
double emploi avec la première, qui est incompatible avec
notre unité, qui multiplie les êtres sans nécessité, qui,
enfin, pour tout dire en un mot, n'est qu'un être pure-
ment chimérique.
   Nous croyons donc qu'il faut en revenir à Aristote, à
saint Thomas et a Leibniz, pour ce qui regarde la nature
de l'âme et ses attributions. Au spiritualisme abstrait, aocré-