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8 DE L'UNITÉ DE L'AME PENSANTE pensée et au conseil. Cette action n'est pas une action in- termittente et partielle, s'exerçant de temps a autre, sur telle ou telle partie du corps, a l'exclusion de toutes les autres, cela répugne a la notion même de force; c'est une action incessante, universelle, c'est-a-dire embrassant toutes les parties, sans exception, du corps son organe. En effet, quelque nombreuses et diverses que soient ces parties, elles forment par leur enchaînement un seul tout, un organe unique auquel l'âme est intimement unie. L'âme agit donc sur le corps entier comme sur un tout indivisible; ce qui revient à dire, avec Descartes lui-même , qu'elle est jointe à tout le corps, et qu'elle n'est pas dans quelqu'une de ses parties à l'exclusion des autres (1). Mais peut-être l'âme n'agit-elle sur le corps qu'à l'aide de quelque intermédiaire, de quelque agent subalterne et non, pour ainsi dire, en personne. Quelle longue et bizarre revue ne ferait-on pas de tous ces intermédiaires, archées, principes hylarchiques, médiateurs plastiques, âmes de toute sorte, imaginés en si grand nombre, surtout dans le siècle qui a précédé Descartes. Dans toutes ces entités imaginaires je ne puis m'empêcher de voir les ancêtres, pour ainsi dire, du principe vital substantiel de l'école de Montpellier. Telle est en effet la forme, plus ou moins nouvelle, sous laquelle elles semblent aujourd'hui vouloir ressusciter ou, du moins, prolonger leur existence, lorsqu'on pouvait les croire à jamais chassées de la science, d'un côté par le mécanisme de Descartes, de l'autre par l'animisme de Stahl. Quel inutile secours, quel vain et embarrassant rouage dans la concep- tion de la nature de l'homme et l'explication des rapports de l'âme avec le corps! En les appelant sur la scène on ne fait qu'ajouter a toutes les autres difficultés celle de con- (i) Truite (les passions