Revue du Lyonnais » série 1 - n°26 ( 1847 ) » pp.495

               D UN POÈME SUR LA PASSION.                         495
Lou mien Seignor que haeztant?        mon Seigneur que vous haïssez
11 li mirent en convenant             tant?» Ils lui offrent (rente de-
Trante deniers. Baillez les moy.      niers. « Donnez-les moi. —Nous
Nous les tafrons tuis, par foy,       te les offrons, sans qu'il y en ait
Un en yot qui set de vente ;          un qui ne soit de recette. » Et,
Crient que Judas ne se repente,       craignant que Judas ne se re-
Moût tôt trente deniers li tent,      pente, ils lui donnent aussitôt
Et Judas volentiers les prant ;       les trente deniers que celui-ci
Des ores mais se pencra               prend sans remords, n'ayant
                                      d'autre inquiétude désormais
Cornent son Seignor traira.
                                      que celle de savoir comment il
La Pasque vint et le jour fu,
                                      trahira son maître. Le jour de
Et li disciple sont venu.
                                      la Pasque étant arrivé, les dis-
11 dirent.- Sire, dites nous,         ciples vinrent trouver Jésus et
Nostre Pasque ou tendrons nous ?      lui dirent : « Maître, où tien-
 Diex leur respont moût doucement :   drons- nous notre Pasque ? »
 Or, oez mon commandement ;           Dieu leur répondit avec bonté :
 Pierre et Jehan, or, entendez :       « Or, écoutez mon commande-
 En la cité leans entrez ;             ment, Pierre et Jean, et suivez-
 Un homme vous enconterez              le : Entrez dans la ville ; vous
 Aiguë portant, si li direz :         y rencontrerez un homme por-
 Ma Pasque vins, en sa maison          tant de l'eau, vous lui direz que
 Tenir et tint my compaignon ;        je veux tenir ma Pasque en sa
 Si maingerons premièrement ;          maison, avec tous mes disciples
 Et il ou voudra bonement ;            eique nous y prendrons d'abord
 Si y faites appareillier              notre repas. Il y consentira et
                                       vous ferez préparer notre Pas-
 Nostre Pasque et nostre mangier.
                                       que et notre repas. » Les deux
 Li dui ami en sont aie
                                       amis se dirigèrent aussitôt vers
 Tout droitement en la cité.
                                        la ville où ils trouvèrent tout
 Tout ausit Ion fait et trouvé,         ainsi que Jésus l'avait annoncé
 Comme Jehus lot commandé.              et firent ainsi qu'il avait com-
 Et, quant le jour fut àvesprez,        mandé. Notre Seigneur, quand
 Nostre Sires sens est tournez,         le soir fut venu, se rendit dans
 Venus en est en la maison              la maison,avec ses douze Apôtres
  Avec li si douze compaignon,          qui s'assirent pour manger. Ju-
  Assis se sont a cel mangiez.          das se plaça des premiers devant
  Judas ne sassit pas damer,