page suivante »
110 SOUVENIRS DE 1793. M. de Précy arriva donc à Lyon, et fut revêtu du corn-,, mandement militaire, On peut le dire aujourd'hui, qu'il n'existe peut-être pas un seul des hommes-faits de cette époque, il n'é- tait pas celui qu'il eut fallu placer à la tête de l'insurrection lyonnaise. A l'assemblée du congrès, dans l'église du grand Collège, il dit qu'il apportait el consacrait à la cause lyon- naise son épée, son dévouement, son existence, mais qu'il ne voulait aucunement se mêler dans tout ce qui avait r a p - port à la politique et à l'administration civile. Il eut fallu dire tout le contraire, déclarer la ville el le déparlement en état de siège, et s'emparer de toute l'autorité : il aurait fallu un Dumourier, et la cause lyonnaise aurait triomphé. Qu'arriva-l-il ? les autorités sous le nom de sections, qui s'étaient créées elles-mêmes, le congrès départemental se maintinrent en places .• de là beaucoup trop de lenteurs dans les résolutions, la publicité où il aurait fallu le secret, et ce qui fut encore pire, des traîtres et des trahisons. L'époque du 14 juillet approchait. Les autorités de Lyon invitèrent les gardes nationales des villes du département, alors Rhône el-Loire, à se rendre à une fédération générale dans le chef-lieu. Les opinions étaient partagées à Roanne. Le parti de la Convention, soit des patriotes, était nombreux, surtout dans le peuple el la classe des mariniers de la Loire. Cependant, dans la réunion de la garde nationale, les partisans de l'insurrection lyonnaise l'emportèrent. On dé- cida l'envoi d'un détachement de la garde à Lyon. Ce dé- tachement fut commandé par M. Noailly, avoué, qui avait servi, el qui était ce qu'on nommait alors aristocrate. Il fut depuis, el après le siège de Lyon, une des nombreuses vic- times de la Terreur. Le pont sur la Loire avait été emporté l'hiver précédent. Il fallait traverser la rivière sur un bac. Les mariniers avaient annoncé qu'ils s'opposeraient au pas- sage. Arrivé sur le poil, à la lêle de son détachement, M. Noailly lit charger les armes : celle démonstration fut suf- fisante, et le détachement traversa la Loire sans opposition.