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ET ftE L'ENSEIGNEMENT. 233 puissance, de la richesse et du plaisir; comment, je vous prie, délruirez-vous celte tendance sans des dogmes révélés? comment engagerez-vous à détacher son cœur de tout cela, celui qui ne croira pas à une autre vie? comment élablirez- vous l'existence de cette autre vie avec ses compensations, sans l'autorité de la foi? Cette question a été si souvent traitée qu'il serait superflu de m'étendre de nouveau là -dessus; que ceux qui n'ont pas encore compris cette vérité, réfléchissent cl étudient, ils verront clairement que la morale n'a jamais été et ne peut être que la traduction pratique de la croyance ou du dogme. La morale chrétienne s'est élevée à une hauteur qui dépasse de beaucoup toutes les morales antiques, parce que la révéla- lion qui l'a produite est infiniment plus complète et plus explicite que ces débris de la révélation primitive qui ali- mentaient les religions païennes. Les ennemis mêmes de la religion catholique, ont été obligés d'admirer sa morale, tout en déclamant contre ses dogmes, agissant en cela avec autant de discernement que ces nègres qui coupent l'arbre pour manger les fruits. On peut citer, il est vrai, quelques hommes qui, ayant perdu la foi, ont conservé quelque m o r a l e , mais ces exem- ples ne sont pas concluants, parce que l'habitude a tant de force sur l'homme, qu'il peut difficilement se dépouiller des sentiments qu'il a eus toute sa vie. Il faudrait montrer des hommes qui soient arrivés à une morale parfaite sans avoir eu aucune croyance. Croirez-vous suppléer aux dogmes religieux en prêchant au commun des hommes, que l'intérêt bien entendu de cha- cun consiste à se dévouer aux autres, et en établissant sur ce principe des théories d'unité sociale? D'ailleurs, il s'agit ici d'enseignement. Croyez-vous faire comprendre vos théo- ries à des enfants? Croyez-vous empêcher des écoliers étour- dis de perdre leur temps, de s'amuser, de voler des frian- dises, de vouloir jouir de leurs sens, de protester contre