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ET DE L'ENSEIGNEMENT. 211 Tout au contraire la foi et la science pure conservent exclusivement les caractères du principe qu'ils représentent. La foi est une et indivisible, rejeter un seul point, c'est prendre la raison pour juge, c'est rejeter la foi elle-même ; on croit tout ou l'on ne croit rien. Elle ne change point; elle est immuable et absolue, elle est universelle ou catho- lique ; enfin elle est essentiellement spirituelle et indépen- dante de toute condition matérielle, et elle dit avec Jésus- Christ : « Mon royaume n'est point de ce monde. » La science, qui se compose de faits accumulés, est divisible. Chacun l'embrasse selon sa capacité; elle n'est la même dans aucun de nous ; elle change et se modifie continuellement dans son ensemble et dans chaque individu. Enfin, étudiant sur- tout la matière, elle ne peut subsister sans des conditions ma. térielles, sans l'expérimentation et la manipulation continu- elle, sans le secours incessant des mathématiques qui seules peuvent exprimer sa division. § II. DE LA SOCIÉTÉ. Qu'est-ce qu'une société? C'est un groupe d'individus qui, rattachés les uns aux autres par un lien quelconque, forment un tout. Le lien est un élément commun à deux individus, qui est à la fois l'un et l'autre ou s'identifie en même temps avec l'un et l'autre ; toute société entre des êtres est impossible sans un élément commun. Le ciment s'attachant à la fois à deux pierres, s'identifiant à chacune d'elles tellement qu'il semble en faire partie, établit une image de société entre ces deux pierres; entre les esprits l'identité du lien est entière et la société réelle. Mais quel est le ciment qui peut réunir les êtres raisonna- bles? Quel est l'élément qui peut être commun entre des intelligences? Il est évident que ce ne peut être qu'une pen- sée; aussi, partout où il y a une pensée commune, il y a le germe d'une société; partout où il y a divergence de conviction