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M. ALEXANDRE DUMAS. 131 et le grec? — Très peu. — Vous vous entendez peut-être en comp- tabilité? — Pas le moins du monde. » A chaque question, dit M. Dumas, je sentais la rougeur me mon- ter au visage : c'était la première fois qu'on me mettait ainsi face à face avec mon ignorance. » Le protecteur se trouvait pour le moins aussi embarrassé que le protégé était confus. Celui-ci, cependant, sur la demande qui lui en est faite, prend une plume et se met à écrire son adresse. « Nous sommes sauvés! s'écrie le général qui le suivait du regard; vous avez une belle écriture] » « Je laissai, dit M. Dumas, tomber ma tête sur ma poitrine, je n'avais plus la force de la porter; une belle écriture, voilà tout ce que j'avais. » Bien heureux fut-il cependant qu'on voulut mettra à profit ses talents calligraphiques, et l'attacher dès le lendemain au secrétariat de M. le duc d'Orléans comme expé- ditionnaire à 100 francs par mois. De ce point de départ au faîte des destinées que M. Dumas accomplira plus tard; de ces cinquante 'ouis aux cent mille francs qui ne lui suffisent plusaujourd'hui, dit-on, pour les folles dépenses d'une année, grande est la distance, plus difficile encore la route à parcourir. Qu'importe? Déjà l'ardent fils des Antilles ce songe-t-il pas à franchir l'une et à vaincre les diffi- cultés de l'autre? D'abord il doit acquérir l'instruction qui lui manque, ou du moins il effleurera quelques parties des connaissances humaines à son goût, à sa portée; car il n'est pas dans sa nature de rien approfondir, Le pauvre expéditionnaire du Palais-Royal so met donc aussitôt à étu- dier, à apprendre. Sa fiévreuse imagination passe d'un sujet à l'au- tre, sans transition, sans suite; il veut savoir et connaître, moins par goût de la science en elle-même que par le secret espoir de briser un jour les liens qui le retiennent dans l'obscurité. Des années de labeur, de tâtonnement et d'incertitude, communes à tous les esprits qui cherchent leur route, M. Dumas les a beaucoup assom- bries et prodigieusement exagérées lorsqu'il a fait le tableau de sa position, depuis le moment où il résolut de vivre de sa plume jus- qu'au jour où brilla l'éclair d'un nouvel avenir. < Alors, nous dit-il, commença cette luttte obstinée de ma volonté, « lutte d'autant plus bizarre qu'elle n'avait aucun but fixe, d'autant