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                 LETTRES SUR LA SARDA1GNE.                   471
dustrie n'a pas encore profanée! El pourtant, quelle richesse
ne prodiguerait-elle pas à l'homme intelligent qui saurait !a
soumettre à une culture plus active et plus savanle! Quelie
extension ne prendrait pas le commerce de ses produits, avec
des moyens de communication multipliés et faciles ! Et, peu
à peu, mon esprit, se faisant industriel et positif, rêvait des
usines, des canaux, des chemins de fer sur ces plaines, dont
il venait de saluer la primitive et poétique indépendance.
    Enfin, après quatre heures d'une marche étouffante, nous
arrivâmes aux portes de Sanluri. Un fouillis de maisons blan-
ches, séparées par de petits jardins verdoyants, et au-dessus
desquelles se balancent les têtes de quelques palmiers sécu-
laires, s'échelonnent autour du clocher de la paroisse. Une
colline, que couronnent les murs dégradés et roussis d'une
antique capucinière, abrite le village contre les vents impé-
tueux qui traversent la plaine , courant d'une mer à l'autre.
Le village de Sanluri, dont la population égale celle de plu-
sieurs de nos sous-préfectures, est une véritable oasis perdue
au milieu de ces déserts brûlants, qui s'étendent dans la partie
méridionale de l'île et portent le nom de Campidano. Sa po-
sition élevée le met à l'abri des exhalaisons fiévreuses qui s'é-
chappent des terres plus basses qui l'entourent; des sources
abondantes lui fournissent une eau fraîche et limpide, et ses
habitants, plus intelligents, peut-être, que leurs compatriotes,
profitant des sages décisions du gouvernement, ont, les pre-
miers, procédé au partage de leurs coteaux incultes, qui, déjà,
se couvrent de jardins, de vignes et d'oliviers. La population
de Sanluri, affable et hospitalière, est encore une des plus
belles du Campidano. Les visages y sont plus joyeux et plus
ouverts ; les costumes plus propres et plus riches ; la petite
veste de laine qui recouvre les épaules des femmes, s'embellit
de découpures de brocard et de fils d'or; des bas blancs, à
coins écarlate, s'étirent sur leurs jambes rondes et cambrées,