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LETTRES SUR LA SARDAIGNE.1


                        III e LETTRE.



   Par une belle matinée du mois de mai, deux cavaliers sor-
taient de Cagliari et s'avançaient hardiment sur la grande
roule de Sassari, long ruban de poussière qui se déroule
d'une extrémité de l'île à l'autre. L'un d'eux, vigoureux gail-
lard, aux formes athlétiques, portait sur ses épaules, en dé-
pit d'une chaleur tropicale, un épais capolou couleur tabac
d'Espagne, enrichi de découpures de drap écarlate ; un bon-
net de laine emprisonnait les tresses adondanles de sa noire
chevelure, el des guêtres de cuir, ornées de broderies, enve-
loppaient ses jambes nerveuses el recouvraient ses souliers,
dont les talons étaient armés de pointes effilées en guise d'é-
perons. Le costume de son compagnon contrastait avec le
sien de la façon la plus déplorable ; c'était une redingote bou-
tonnée, de couleur indécise, une casquette de drap gris el des
bolles à l'écuyère. Le premier avait nom Raphaël Mourra,
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