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418 DU TRÔNE DE L'ARCHEVÊQUE et à gauche, l'écu de l'ancien Chapitre de Saint-Jean et celui de M. de Bonald, notre archevêque. Le dossier, de forme ogivale, est bordé d'un rinceau de feuil- lage admirablement évidé, heureuse réminiscence du chardon de la chapelle Saint-Louis ; au centre, six bas-reliefs dont les sujets appartiennent à l'histoire de saint Jean-Baptiste ; sur les cô- tés, deux piliers, dont la masse est dissimulée par une luxuriante ornementation, soutiennent un baldaquin d'une grande ri- chesse ; ces piliers et ces baldaquins se terminent par trois flè- ches évidées dont l'une s'élève jusqu'aux chapiteaux de la nef. C'est dans ce couronnement que l'artiste s'est plu à prodiguer toutes les richesses du genre ; on y voit, mais sans pouvoir les compter, des rosaces, des nervures à retombées et des penden- tifs découpés en dentelle ; des pignons, des galeries, des arcs- boutants à jour et festonnés ; des fuseaux, des colonnettes can- nelées, fleuronnées ou tordues de mille manières ; des culs-de- lampe, des pinacles variés à l'infini ; des flambeaux, des cloche- tons semés comme une forêt naissante au pied des hautes flèches, et partout le chou frisé et le chardon entremêlés d'ani- maux grimaçant ; des niches, au nombre de trente-deux, at- tendent leurs statues qui viendront compliquer encore l'effet général. Là , comme dans tous les monuments du même caractère, la vue est d'abord éblouie et fatiguée par la profusion; il faut quelque temps pour analyser ce que l'on voit; mais bientôt l'ordre s'établit, et toutes ces lignes verticales qui paraissent, disparaissent pour reparaître plus loin, sans cesse rompues par l'ornementation, tous ces caprices sans nom de l'art gothique, ces fantaisies scintillantes et papillotantes, se rangent, se clas- sent, et composent enfin un tout satisfaisant. Nous avons entendu reprocher à MM. Bossan et Desjardins cette intempérance d'ornements ; il n'y a, dit-on, point de repos pouf l'œil, qui, sollicité en tous sens, ne sait où se fixer ; mais n'éprou- vons-nous pas la même fatigue devant beaucoup de sculptures anciennes et justement admirées comme, par exemple, devant la chapelle de la Vierge dans l'église de Brou?