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         LE LIVRE ET LE MONUMENT.                 351
Asile où je pourrais reposer noblement?....
         Mais oui, c'est un bon tour à faire
A mon voisin, ce fou ! poète ! homme de rien,
Qui, se flattant déjà d'un espoir téméraire,
Prétendait que son nom vivrait plus que le mien.
Le projet lui sourit. On se met à l'ouvrage.
On a recours au bronze, au marbre, au fer, à tout.
         Architectes, maçons font rage,
         Et le monument est debout.
         Puis la mort, qui se tenait prête,
         Au financier porte son heurt.
         De son côté, notre poète,
         Son livre fait, l'imprime et meurt.
         11 avait peu connu la gloire.
         Sous sa modeste croix de bois,
Quelques planches formaient ce temple de mémoire
         Qu'avait désiré tant de fois
         Son âme à présent consolée.
          Il dormait près du mausolée
          Où brillaient le granit et For,
Mais qui, mille ans après, n'était plus que poussière,
Tandis qu'au temps lui-même empruntant sa lumière,
          Le livre se lisait encor.

                                      A. R.