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   LE ROSIER ET LE DATTIER,

                     FABLE.




         Un riche amateur de jardins
         Avait un dattier dans sa serre ;
         Il le montrait aux citadins
         Qui venaient visiter sa terre,
         Et chacun de s'extasier
         — Mais, d'où vient, disait un rosier,
         Que vers moi pas une personne
         Ne daigne un instant s'arrêter,
         Ne fut-ce, enfin, que pour jeter
         Les yeux sur les fleurs que je donne ?
         Je répands des parfums si doux !
De cet arbre étranger où sont les avantages ?
         Parlez, voisin, que faites-vous
         Pour attirer tous les hommages ? —
         — Je suis un arbre transplanté,
         Il me faut des soins, une serre.
Si vous étiez un jour, ainsi que moi jeté,
Chétif, à demi-mort, sur la terre étrangère,
         Vous y seriez ce que je suis.
         Mais c'est un funeste avantage ;
         Je n'ai plus ni parfums ni fruits.
         Couvrez de fleurs le voisinage,
         Soyez heureux : c'est le plus sage :
         Nul n'est prophète en son pays.—

                                  A. R.