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348                    PENSÉES D'AUTOMNE.
      Vous me direz encor si, dans les nuits sereines,
      Ces belles nuits d'été de lune blanche pleines,
      Où le ciel est tout bleu, les fontaines sans bruit,
      Vous me direz encor si l'on voit une étoile
      Parmi ses autres sœurs laissant flotter son voile,
      Qui semble palpiter au souffle de la nuit.



      Étoile que j'aimais ! ! Elle avait vos yeux d'ange,
      Et semblait me fixer d'une manière étrange,
      Quand mes regards du ciel pouvaient la découvrir :
      Elle semblait aussi me dire mille choses,
      Comme ces mots tombés de vos lèvres écloses
      Qu'on écoute à genoux, enivrants à mourir...



      Lorsque vous serez là, vers l'heure où le jour tombe,
      A genoux et priant sur le bord de ma tombe,
      Ecoutant si l'écho répond à votre voix,
      Oh ! si vous entendez, comme la brise errante,
      Passer dans vos cheveux une haleine mourante,
      Un soupir dans la mousse et sous les croix de bois,



      C'est moi, moi qui viendrai dans ma robe de brume,
      Pareille à la vapeur qui le soir monte et fume,
      Au bord des flots dormants, du milieu des roseaux,
      Je vous dirai tout bas, avec une voix morte,
      De ces mots doux à l'âme, et que le vent apporte
      Aux vivants recueillis sur le seuil des tombeaux.