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                 PENSÉES D'AUTOMNE.                       347

N'est-ce pas, vous viendrez, lorsque la nuit voilée
Couvre de son manteau le fond de la vallée,
Et qu'on entend sonner Y Angélus des hameaux?..
Vous viendrez à cette heure où l'on vous voit rêveuse,
Et marchant à pas lents sous l'ombre encor douteuse
Des noyers du chemin qui penchent leurs rameaux.



Oh ! vous viendrez, surtout quand l'automne mourante
Arrachera des bois la feuille au loin errante,
Et vous amènera novembre tout en deuil :
Vous viendrez !... car pour ceux qui reposent leur tête
Sur l'oreiller des morts, ces jours sont une fête...
Et ce sera ma fête à moi dans le cercueil...



Alors, vous me direz si le long des fontaines,
Au bord des prés, des bois et des forêts lointaines,
Le printemps fait toujours épanouir ces fleurs
Que j'allais, le matin, cueillir dans la rosée,
Qu'ensuite j'appendais à votre humble croisée,
Fraîches comme l'aurore, humides de ses pleurs.



Vous me direz s'il est, près de votre demeure,
Un sentier sous l'ombrage où j'allais à toute heure,
Avec un livre ouvert que je ne lisais pas,
Où souvent je restais jusqu'au soir à ma place,
Rien que pour vous y voir passer, baiser la trace
Que sur le sable humide avaient laissé vos pas...