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346                    PENSÉES D'AUTOMNE.
       N'est-ce pas, vous viendrez, ô douce et bonne femme,
      M'apporter en ces lieux un souvenir de l'âme,
      Et chercher mon tombeau sous l'herbe de vos pas ?
      N'est-ce pas vous viendrez sur ma funèbre enceinte,
      Répandre comme un baume une prière sainte ?
      Vous me l'avez promis... vous viendrez, n'est-ce pas ?


      Car, voyez-vous, la tombe est une solitude
      Dont rien ne trouble, hélas ! la morne quiétude,
      Rien... pas même la voix des oublieux vivants...
      Aussi, les pauvres morts dans leur nuit infinie
      Doivent souvent avoir des heures d'insomnie,
      Qui les tient sur leur couche accoudés et rêvants.



      Et moi, vous le savez, il me faut sur la terre
      L'air que vous respirez, l'eau qui vous désaltère,
      Le ciel dont vos beaux yeux réfléchissent l'azur,
      L'ombre où vous reposez, les brises, leur haleine
      Qui vient, en se jouant, dans vos cheveux d'ébène,
      Essuyer la moiteur de votre front si pur.



      Il me faut les rayons de vos regards de flamme,
      L'accent de votre voix, doux écho de votre âme,
      Et les fleurs du chemin qui germent sous vos pas...
      Mais, lorsque je serai couché dans ma nuit sombre,
      Parmi les autres morts qui reposent dans l'ombre,
      Que vais-je devenir, si vous ne venez pas?...