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324               L'INSTITBTRICE DE RETOUR

blees politiques tombe dans leur intérieur et fait place aux
habits pailletés de comtes, de marquis, de chevaliers, de
barons, de ducs, etc., fort peu prennent le goût du libéra-
lisme jusqu'à s'en revêtir avec leurs gens qu'ils traitent par-
fois comme de vrais nègres, tout en écrivant de superbes
 diatribes contre la traite, et en déplorant, dans des phrases
larmoyantes, de l'effet le plus philanthropique, l'horrible des-
tinée de ces pauvres enfants de l'Afrique.
   Si l'institutrice donc n'entendait de son riche patron,
membre de la gauche, que les discours qu'il prononce à la
Chambre des lords ou ses motions à celle des députés, elle
reviendra sans doute au pays nuancé de libéralisme, voire
même de radicalisme, mais elle ne l'entend qu'au logis où il
passe à la droite dans les ordres qu'il donne et dans les airs
qu'il prend.
    Mais si l'institutrice est ministérielle et même tant soit peu
 despote par ses allures, elle n'en chérit pas moins son indé-
pendance individuelle; bien que dorée, sa captivité de quatre
à cinq lustres l'a fatiguée ; elle brûle de briser son joug res-
plendissant, et, revenue dans sa patrie, sa première pensée est
d'y être affranchie de toute servitude ; aussi vit-elle en gé-
néral seule; elle se choisit une petite retraite où elle puisse se
livrer sans gêne à son mode de vivre, son appartement est
une oasis constellée partout de son ancienne splendeur, et
blasonnée aux armes de ses nobles élèves ; ce sont des coffrets
fulgurants, des meubles de toilette éblouissants, des orne-
ments de luxe, qui tous lui rappellent les illustres donatrices
de qui elle les lient. Elle est comme estampillée de leurs lar-
gesses qui pendent à ses oreilles brillent à son col, scintillent
sur ses doigts, reluisent sur sa poitrine et resplendissent sur
son front, de telle manière qu'elle porte sur chaque partie
de son corps des stigmates étincellantes de gratitude et de
magnificence.