Revue du Lyonnais » série 1 - n°26 ( 1847 ) » pp.315

                     NOTRE-DAME DE BOURG.                          315
 ments de Brou qu'en 1511 , tandis qu'on travaillait déjà à Notre-
 Dame depuis la bulle obtenue du pape Jules II, vers 1506. «Il res-
 tera toujours comme digne de mémoire , dit M. Milliet , que ce
  monument commencé avant Brou , et probablement continué en
  même temps, n'ait pas ressenti l'impulsion que devait donner alors
 ce nombreux concours d'artistes habiles qui , à quelques pas de là ,
 créaient tant de chefs-d'œuvre». L'église de Notre-Dame, éle-
 vée par la religion du peuple, voulut être dogmatique dans son ar-
 chitecture : à Brou , au contraire , l'ordonnateur des travaux était
 une femme aimant les fantaisies du boudoir jusque dans les tom-
 beaux , et le luxe jusque dans les monuments de sa douleur. Les
 larmes de cette femme étaient enveloppées d'or.
    Le Adèle, en entrant dans l'église de Notre-Dame de Bourg, se
 sent naturellement ému et prédisposé au recueillement. Ce temple,
 qui offre à son chevet une légère trace de déviation liturgique, se
 compose d'une nef majeure , close par une apside pentagone, de
 deux contre-nefs terminées par une apside carrée , et de chapelles
 latérales échelonnées sous les nefs secondaires. Le trans-sept n'y pa-
 raît pas même à l'état d'esquisse. Les dispositions du vaisseau sont
si heureuses, la suppression du jubé qui devait nuire à l'effet gé-
 néral , a exercé une influence si favorable au développement des
 lointains , que cette église , bien que bâtie sur une échelle moins
 vaste, semble infiniment plus grande que celle de Brou. Saint
 NicoIas-de-Brou offre soixante-dix mètres de longueur dans œuvre,
 et vingt de hauteur sous voûte ; Notre-Dame n'est longue que
de soixante-cinq mètres et n'est haute que de dix-huit. La nef ma-
jeure chemine imposante et large entre six entrecolonnements pour
chaque côté , y compris celui qu'occupe la tribune de l'orgue. Les
arcades qui forment ces percées, ont une courbe ogivale timide et
affaissée , comme toutes celles de cet âge. Le troisième entreco-
lonnement, à gauche du spectateur partant du parvis, fait seul
exception à la règle ; il est courbé en anse de panier, par suite d'un
de ces caprices d'architecte qu'on ne saurait expliquer clairement.
Six croisées un peu grêles, dont deux trèfles et un cœur constituent
le fenestrage , correspondent, sur chaque flanc, aux six percées de
la nef majeure. Comme à Notre-Dame de Dôle, il y a trop d'espace