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                 LES DEUX CAILLOUX.                   283

       Et l'air pensif, la jeune Estelle,
       Sur un banc assise à l'écart.

       — Hélas ! où s'en va toute chose,
       Lui dit son père, Dieu le sait :
       Où va la brise, où va la rose,
       Tout ce qui meurt, tout ce qui naît.

       Mais vois : toujours les plus légères
       Cèdent d'abord, et comme ici,
       Parmi vous, frêles passagères,
       Dans le monde il en est ainsi.—
                                     F. COIGNET.




           LES DEUX CAILLOUX.
                         FABLE.


       Sur le bord d'un ruisseau rapide,
Certain caillou maussade, au regard envieux,
        Dans le fond du cristal limpide
Admirait un caillou frais, poli, gracieux.

— « Frère, lui cria-t-il de sa voix raboteuse :
Notre mère nature est marâtre parfois :
En nous créant tous deux, la vieille radoteuse
L'a prouvé largement, frère, à ce que je vois.

« Je suis boiteux, bossu, tout hérissé de mousse...
       Vous, au contraire, on vous croirait,