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268 EXPOSITION DES PItODDITS Il serait impossible de suivre une marche régulière dans la description des mille objets qui composent l'exposition. Voici des costumes complets et de toutes les classes: on remarque chez les femmes cette coiffure relevée et laborieusement écha- faudée, appelée à la Sycée, et qui paraît être la même dans tout l'empire. La coiffure des hommes est plus simple sans être moins singulière; la tête rasée, à l'exception d'un point sur le sommet, d'où pend une grande queue qui descend ordinai- rement jusqu'au milieu du corps; il y en de plus longues et c'est une beauté. On ignore l'origine de cette singulière décoration; quoiqu'il en soit, un Chinois sans queue est un homme sans honneur et sans considération. Dans la guerre, les Anglais se sont quelquefois amusés à renvoyer leurs nombreux prisonniers avec la queue coupée; il s'en est trouvé qui ont préféré la mort. Les Bonzes ou prêtres du Dieu Fô ont seuls la tête entièrement rasé; nos prêtres ont la tonsure, on pourrait faire d'autres rapprochements ; les Bonzes vivent dans le célibat et pratiquent le jeûne. L'origine de la mutilation des pieds de femme est aussi obscure que celle de la queue. Quelques-uns ont voulu y voir une prôcaulion de jalousie ; d'autres, une coquetterie exagérée; s'il fallait absolument donner une raison de cet usage barbare et répugnant, nous aimerions croire qu'il se rattache à l'idée de mépris qui flétrit en Chine tout ce qui est métier corporel ; c'est celte même idée qui prescrit chez les personnes bien nées une longueur d'ongles démesurée, à seule lin de prouver que les mains n'ont jamais été employées à un travail réputé humiliant. Ce qui pourrait donner quel- que vraisemblance à celte explication, c'est que les petits pieds n'existent guère que dans les classes supérieures et aisées; l'usage de cette absurde mutilation commence, dit-on, à tomber un peu en désuétude; peut-être dans quelques années les modèles en cire de pieds mutilés, rapporté par