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244 DK L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT
L'Université fait comme le gouvernement : sa grande préi
lenlion, c'est l'enseignement philosophique dont elle se croit
seule capable, quoique nulle philosophie ne soit moins faite
pour l'enseignement que la sienne. Quelque talent qu'on
accorde aux pères de la philosophie universitaire, quelque
profonds et ingénieux que soient leurs aperçus, quelqu'utiles
que puissent être leurs travaux à une intelligence formée qui
cherche à pénétrer au fond de tel ou tel problème, il n'en
reste pas moins que cette philosophie, appuyée sur la science
seule qui n'est qu'un des côtés de la pensée humaine, est né-
cessairement incomplète et semblable à une danseuse qui
n'aurait qu'une jambe et ne pourrait, malgré sa vigueur,
exécuter les merveilles de la chorégraphie. Cette philoso-
phie, comme l'a si bien dit M. Eugène Pellelan, en p a r -
lant de M. Cousin: « n'a pas d'idéal, n'a pas de tendance,
elle est incapable d'influer sur l'état de notre âme et sur
l'état de notre société. Elle est la curiosité, elle n'est pas
la solution des problêmes qui intéressent le plus notre épo-
que ; elle est une étude, elle n'est pas une force. Elle est la
plus grande anomalie : une philosophie de l'Etat enseignée
officiellement au nom de l'État, c'est-à -dire la science des
réticences, »
Une telle philosophie est nécessairement contre la religion
ou en dehors d'elle et par là dangereuse à la jeunesse, et toute
Église qui a encore de la vie ne peut moins faire que de pro-
tester sans relâche contre son enseignement.
L'Université tient encore à l'éducation et c'est précisément
l'éducation qu'elle donne qui est l'arsenal où l'on puise tous
les traits que l'on lance contre elle ; elle est l'objet de tous
les reproches qu'on lui fait, elle est le motif de foute la
haine qu'on lui porte. Qu'elle quitte donc ce fardeau inutile
qui écrase. Tous les efforts qu'elle a faits jusqu'à présent ont
clé inutiles ; elle a exigé que ses surveillants, qui sont les
dispensateurs de son éducation, fussent bacheliers-, cela leur
e-t-il attiré du respect et de la confiance? n u l l e m e n t ; qu'elle