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ET DE L'ENSEIGNEMENT. 225 quelqu'un n'enseigne que deux el deux font cinq ? Oli qu'on n'invente un faux grec ou un faux latin? ou qu'on ne falsifie frauduleusement les notions sur l'oxigéne pour en attribuer les propriétés à l'hydrogène? Croyez-vous donc qu'il ne soit pas plus facile el plus agréable d'enseigner ce qu'on a étudié que d'inventer la science? Dans l'enseignement dogmatique qui a pour objet l'infini, cette lumière sans forme où l'œil de l'homme s'éblouit, il est très facile de tomber dans des erreurs monstrueuses, et il est très dangereux de le faire, car toute erreur dogmatique a son retentissement et sa manifestation dans la morale. Aussi l'enseignement religieux a-l-il besoin d'une surveillance incessante; mais en est-il de même de la science? la science est fondée sur les faits ; les faits et surtout les faits, objets de la science élémentaire, la seule dont il s'agisse dans la ques- tion de l'enseignement, ne peuvent ni se détruire, ni se déna- turer, ni se cacher. Les erreurs, quand il y en a dans la science, sont plutôt dans les théories que dans les faits; or, l'enseignement élémentaire se borne le plus souvent à l'expo- sition des faits, tels qu'ils sont actuellement connus; quant aux théories, les savants eux-mêmes n'étant point d'accord à leur sujet, qui pourra les juger? sera-ce le gouvernement? Enfin, on peut avoir intérêt à tromper en enseignant le dogme ou la morale, mais jamais en enseignant la science. IN'est-il pas plus facile d'étudier une arithmétique, une algè- bre, une géométrie, que d'inventer ces sciences d'une manière nouvelle et contradictoire? il faut le travail des siècles et des peuples pour former une langue; qui sera assez fou pour l'entreprendre seul? une fausse morale, en flattant les passions, peut séduire les hommes el les faire servir à l'ambition ou à l'intérêt de celui qui l'enseigne ; mais quelle séduction pour- rait exercer une science fausse et absurde? Il est donc dans l'intérêt de chacun d'enseigner la science le mieux qu'il peut. Or, ce qui est surveillé par l'intérêt de chacun, l'est bien plus activement que par les inspecteurs de l'Université. Non ! la.