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230 DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT liberté laissée à chacun d'enseigner à son voisin la science qu'il possède n'entraînerait aucun danger. Son seul effet serait de la vulgariser avec rapidité. Mais aussi ce n'est pas l'enseigne- ment de la science que le gouvernement redoule; il n'est pour lui qu'un prétexte, nous le verrons plus tard. On dit encore: l'État étant fils de la science, doit, à ce litre, l'aimer comme une mère et surveiller ses intérêts. Que l'Étal aime la science, rien de mieux; qu'il fasse tous ses efforts pour la répandre, c'est son devoir ; mais qu'il veuille l'arrêter et la limiter, c'est un droit qu'il n'a pas. Que l'État donc établisse des académies, qu'il fonde des chaires et y mette des professeurs qui n'aient pas de suppléants; qu'il entretienne partout où il pourra des instituteurs pour le peuple; qu'il provoque l'émulation par des concours et des prix; qu'il puise pour cela largement dans le budget ; il ne saurait mieux dé- penser son argent et ses soins. Mais pourrait-on me dire quel avantage trouvera la science, à ce que le gouvernement dé- fende à tous les hommes de cœur qui en ont le courage, d'em- ployer leurs loisirs à répandre autour d'eux la science qu'ils ont acquise dans leurs veilles, parce qu'ils ne sont pas dans les rouages de l'Université? que gagne la science à ce qu'on empêche 40,000 curés, studieux et pleins de charité, d'ensei- gner gratuitement, on à peu près, à de pauvres paysans, le latin, la grammaire et le calcul ; de tirer ainsi de l'ignorance une foule d'hommes que la pauvreté y aurait enchaînés, et de lancer ainsi dans le domaine de la science ces natures primi- tives et énergiques de la campagne, qui peuvent par la cons- tance au travail être si utiles à cette science? ceci est du plus simple et du plus grossier bon sens. Comment se fait-il donc qu'à force déraisonner on ait perdu le sens commun, et qu'on ait la bonhomie de dire qu'on agit ainsi dans l'intérêt de la science? Ainsi, non seulement le gouvernement peut enseigner la science, mais il le doit, et il doit faire tous ses efforts pour hâter partout son développement.