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                    ET DE L'ENSEIGNEMENT.                      219

   Cependant, si on ne peut empêcher cette réalisation, on
peut la relarder et lui susciter des obstacles, et c'est un grand
malheur, car cette réalisation est un besoin impérieux pour
la société, et celle-ci souffre de grandes douleurs jusqu'à ce
qu'elle parvienne à l'opérer.
   On peut le dire : la logique fait la santé des nations.
 Les petits esprits, qui se décorent du titre de prudents, ont
toujours peur de laisser les conséquences s'échapper des
principes; ils se cramponnent derrière le char de la société,
persuadés qu'ils l'empêchent de tomber dans l'abîme, et c e -
pendant ce sont eux qui prolongent le malaise social. Tou-
jours au contraire on voit les grands génies pousser les nations
dans le sens de la logique. C'est ainsi que César ruinait par
tous ses actes celte constitution usée de Rome, que l'étroit
Galon s'obstinait à conserver, et, comme l'a* si bien dit un
écrivain distingué, « l'ambition de César avait mieux compris
le progrès du monde que la vertu des derniers Romains. »
   Lors donc qu'on a posé un principe dans une société, il ne
reste plus qu'une chose à faire pour hâter le bonheur de celte
société, c'est d'adopter franchement les conséquences du
principe. Or, puisqu'on a posé solennellement le principe de
la séparation de l'Eglise et de l'État, gardons-nous de reculer,
ce serait prolonger volontairement nos souffrances.
   L'Église en France doit donc être une société purement
spirituelle, une société qui représente le principe de l'unité
et qui doit en revêtir exclusivement tous les caractères. Les
caractères de l'unité sont l'indivisible, l'absolu, l'immatériel.
La foi est une et indivisible ; si elle n'était pas une, elle ne
serait pas; la doctrine de l'Église est une aussi; l'Église p r o -
cède par autorité, elle tient son pouvoir de Dieu par la révé-
lation, elle est inflexible dans ses dogmes, inexorable quand
elle condamne l'erreur; mais aussi elle doit être immatérielle;
ses décisions ne doivent plus avoir de sanctions pénales, ses
condamnations ne doivent avoir aucune conséquence maté-
rielle. Si chaque membre du clergé peut avoir, en qualité de