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                        ET DE L'ENSEIGNEMENT.                     215

    une croyance et un culte; ce n'est point l'empire romain
    qui a massacré les chrétiens par milliers , mais c'est la
    religion romaine qui a persécuté la religion chrétienne; et
    comme la religion romaine, à cause de la confusion des deux
    pouvoirs, avait en main la force matérielle, elle s'en est servi
    pour écraser sa rivale. Deux croyances opposées sont incon-
    ciliables comme les deux électricités du même nom qui se
    repoussent. Du reste, il en est de même des sociétés matérielles
    qui se font la guerre lorsque leurs intérêts sont en conflit.
        Lorsque la religion chrélienue, par sa supériorité spirituelle,
    eut tué la religion païenne, toute inimitié cessa, l'empire et
    le christianisme s'embrassèrent et il y eut un instant sublime
    de bonheur. Mais il n'était pas si facile qu'on le pensait de
    régler les conditions d'une pareille paix. C o m m e n t é e s deux
     puissances allaient-elles se partager l'empire du monde i'
     Quelle part devait revenir à chacune? Quelles seraient les
     limites de leur action réciproque i Comment la société allait-
                                         *
     elle marcher avec deux têtes: l'une ayant tout pouvoir dans
     le domaine de la pensée , l'autre possédant à elle seule
     toute la force ? Ces terribles problèmes, qui, sous une autre
     forme^ sont encore l'éternel problème de l'unité et de la
     variété agitèrent longtemps la société, il lui fallut bien des
     siècles pour leur trouver une solution et avec cette solution
     un siècle de paix : ce siècle de paix fut le moyen â g e ; cette
     solution consista à établir l'autorité spirituelle, l'arbitre et la
     règle de l'autorité temporelle comme l'âme doit être le guide
     du corps. Alors il s'établit entre les deux pouvoirs une soli-
     darité comme entre l'intelligence humaine et les organes qui
     la servent. Le corps réalise matériellement toutes les pen-
     sées de l'âme, et, d'un antre côté, la raison environne le corps
      comme d'une auréole de lumière qui lui fait partager celte
     loyauté de la nature qui n'appartient qu'à elle. De m ê m e le
     royaume temporel devint comme le bras de l'Église^ et sanc-
      tionna matériellement ses jugements et ses condamnations;
      de là l'inquisilion. D'un autre côté, l'Eglise plaça sur le front




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