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216 DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT des rois le signe de cette autorité souveraine et absolue qui n'appartient qu'à l'infaillibité : de là le droit divin. Celte solution ne devait pas être définitive, l'harmonie se troubla bientôt; l'Église ne se servit pas toujours avec assez de mesure du bras matériel que lui prêtaient les rois. Les rois abusant étrangement du droit divin, qui n'était qu'un reflet de l'Eglise et qu'ils prirent pour une lumière sortie d'eux-mêmes, ne voulurent plus se contenter du second rang et s'efforcèrent peu à peu d'asservir l'Église et de la rendre docile à leurs ordres ; puis, leur orgueil croissant de plus en plus, ils fini- rent par devenir insupportables aux peuples qui se prirent à haïr les rois à cause du signe que l'Église avait mis sur leur front, et l'Église à cause de la force brute que les rois lui avaient prêtée. La société ne pouvait vivre plus longtemps dans un pareil désordre; une crise était nécessaire, et la révolution française, mettant le feu à cet édifice qu'on avait mis tant de siècles à élever, ne laissa après elle que des ruines et des cendres, mais le monde fut sauvé. La révolulion française qui avait de si belles paroles et, il faut le dire, de si magnifiques projets et de si nobles inten- tions, n'a pas compris d'abord la mission que Dieu lui avait donnée. Dieu voulait par elle séparer l'Église de l'État et rom- pre entre eux toute espèce de solidarité : la révolution crut qu'il fallait tout-à -fail retrancher l'Église. Elle a voulu construire une société sans foi ; c'est pour cela que l'unité qu'elle proclamait lui a été impossible et qu'elle n'a élé puissante que pour détruire. Lorsque la société a voulu reconstruire sur la place vide, effrayée du terrible effet des idées nouvelles, elle a jelé un regard derrière elle, et a appelé à son secours ce que la révolulion avait détruit. Elle étouffait dans le vide de l'athé- isme, elle sentit qu'il lui fallait !a foi, mais elle n'osa pas rappeler la foi sans rappeler les formes sociales qui l'avaient accompagnée jusques là ; elle essaya donc du despotisme