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186 SORTIE DES LYONNAIS. les armes Ă tout le monde indistinctement, mĂŽme aux ad- ministrateurs. Je m'Ă©tais rendu Ă celte assemblĂ©e pour y faire sentir la nĂ©cessitĂ© de ces mesures, mais je m'aperçus que le parti jacobin se faisait craindre. Je vis bien qu'il n'y avait plus Ă dĂ©libĂ©rer, et qu'il fallait se retirer, je ne croyais cependant pas, je l'avoue, ĂȘtre forcĂ© d'exĂ©cuter ma sortie cette nuit-lĂ mĂŽme ; je voulais attendre le rĂ©sultat de la dĂ©- putation des' sections, bien persuadĂ© que la rĂ©ponse des fĂ©roces proconsuls serait des ordres de se rendre, avec des menaces horribles, et qu'alors beaucoup de Lyonnais, ne doutant plus de leur situation, se dĂ©cideraient Ă quitter leur ville. Ce parti Ă©tait dictĂ© par l'Ă©tude et la connaissance- des esprits, car on Ă©tait gĂ©nĂ©ralement disposĂ© Ă rester ; les uns espĂ©raient pouvoir se cacher, les autres disaient : mais que veut-on nous faire? et l'on doit les plaindre, loin de les blĂąmer, de n'avoir pas soupçonnĂ© toute l'atrocitĂ© de leurs ennemis. Mais si les Lyonnais avaient senti leurs vĂ©ritables intĂ©rĂȘts, ils auraient suivi mon conseil, et, se portant en masse aux postes et aux remparts, ils auraient intimidĂ© et peut-ĂȘtre obtenu des conditions. Ce mouvement aurait de plus eu l'avantage de faciliter ma sortie et de la rendre plus nombreuse. Le 8, vers six heures du soir, l'ennemi mit le feu au collĂšge de Saint-IrĂ©nĂ©e, et profita de cet accident pour atta- quer la porte de ce nom. Elle avait Ă©tĂ© presque Ă©vacuĂ©e , ainsi que celle de Trion, et il l'emporta aprĂšs une lĂ©gĂšre rĂ©sis- tance ; mais il fut arrĂȘtĂ© par des batteries et des retranche- ments qui avaient Ă©tĂ© Ă©levĂ©s Ă la rĂ©union des rues des portes Saint-IrĂ©nĂ©e et de Trion. Cet Ă©vĂ©nement ne me dĂ©cida pas encore sur le champ Ă la sortie. La porte de Trion et la batterie de Loyasse n'Ă©taient point forcĂ©es. L'ennemi avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et ne faisait point de progrĂšs, et j'espĂ©rais me soutenir la journĂ©e du 9; mais, ayant